Les Kurdes de Syrie ont réitéré dimanche leur besoin d’une aide internationale juridique pour juger sur place les milliers de jihadistes du groupe Etat islamique (EI), dont des Occidentaux, détenus dans le nord-est du pays.
Près d’un an après avoir proclamé en mars 2019 l’éradication du « califat » de l’EI en Syrie, les forces kurdes détiennent toujours quelque 12.000 jihadistes: des Syriens, des Irakiens mais aussi 2.500 à 3.000 étrangers originaires d’une cinquantaine de pays.
Si les Kurdes réclamaient au départ le renvoi vers leur pays d’origine des combattants étrangers, ils se sont résignés à l’idée de les juger en Syrie, face aux tergiversations des gouvernements occidentaux.
« L’autorité semi-autonome kurde a besoin d’une coopération internationale », a plaidé dimanche Fener Al-Kaït, un responsable du département des Affaires étrangères.
« Nous avons beaucoup de besoins, sur le plan juridique et technique », a-t-il indiqué à l’AFP.
« Plusieurs pays vont commencer dans un mois ou deux à nous apporter leur aide et soutien sur les questions juridiques ou techniques », a-t-il précisé, sans nommer ces pays.
Il a réitéré l’engagement des autorités semi-autonomes kurdes à garantir « un procès transparent et juste » pour les jihadistes qui seront traduits en justice.
Le responsable s’exprimait après avoir rencontré le parlementaire belge Georges Dallemagne et Philippe Vansteenkiste, à la tête d’une organisation de défense des victimes du terrorisme.
Interrogé par les journalistes sur le jugement des jihadistes, M. Dallemagne a estimé que la question méritait « une étude approfondie pour voir comment cette stratégie peut être mise en oeuvre ».
« Pour l’instant, il n’y a pas eu d’autres solutions qui a eu l’accord soit des pays européens soit des autorités » kurdes, a-t-il souligné.
« Pour nous, ce qui est important, c’est que la sécurité de la population locale soit assurée, que la sécurité de l’Europe soit assurée, et que la justice soit faite par rapport à ces terroristes », a-t-il martelé.
Le parlementaire a rappelé qu’une quinzaine d’hommes belges étaient « détenus » par les forces kurdes, tandis qu’environ 23 femmes et 42 enfants belges se trouvaient aussi nord-est syrien, dans des camps de déplacés.
Les Kurdes réclament le rapatriement des femmes et des enfants étrangers, mais les pays occidentaux avancent lentement sur le dossier, accueillant uniquement au compte-goutte des enfants, souvent orphelins.
Le chef de la diplomatie belge Philippe Goffin avait indiqué à l’AFP à la mi-février que son pays travaillait sur un retour groupé de tous les enfants belges actuellement en Syrie, sous condition que leurs mères l’acceptent.