La Russie et les Etats-Unis se sont lancés dans une querelle sur Twitter à propos de la liberté de la presse, après l’arrestation controversée à Moscou d’un ex-journaliste accusé de « trahison ».
« En regardant les journalistes russes que l’on arrête les uns après les autres, ça commence à ressembler à une campagne concertée contre la liberté de la presse », a ainsi écrit mardi soir sur Twitter la porte-parole de l’ambassade américaine en Russie, Rebecca Ross.
« Occupez-vous de vous affaires! », a réagi dans un tweet le ministère russe des Affaires étrangères.
Cet échange intervient après qu’un tribunal moscovite a ordonné mardi de placer en détention provisoire pour deux mois Ivan Safronov, un ex-journaliste respecté, spécialiste des questions de défense et spatiale. Il est devenu il y a deux mois conseiller du directeur de l’agence spatiale russe Roskosmos.
Arrêté pour « trahison », M. Safronov, 30 ans, est soupçonné par les services de sécurité russes (FSB) d’avoir coopéré avec les services spéciaux tchèques depuis 2012, selon l’un de ses avocats, Evguéni Smirnov.
Les enquêteurs du FSB estiment que les services spéciaux tchèques agissaient pour le compte des Etats-Unis, a-t-il affirmé à l’AFP.
Considéré comme un des meilleurs journalistes du pays dans les questions militaires et spatiales, Ivan Safronov a travaillé pour deux quotidiens russes de référence, Vedomosti et Kommersant.
A ce titre, il a été à l’origine d’articles embarrassants pour l’armée russe ces dernières années. L’arrestation de M. Safronov a été dénoncée par ses anciens collègues qui estiment qu’il s’agit d’une vengeance pour ses articles.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui indiqué à la presse partir « du principe que (l’arrestation) n’est pas liée à ses activités journalistiques ».
La réaction des collègues et amis de l’ancien reporter sont « dictées par l’émotion et pas fondée sur des informations concrètes liées aux activités des services secrets », a-t-il ajouté.
« Seul un tribunal peut établir si une telle ou telle personne est coupable ou non », a-t-il insisté, appelant à « attendre le procès ».
Depuis 20 ans, les accusations d’atteintes à la liberté de la presse en Russie sont légion. Lundi, une journaliste russe a encore été condamnée à une lourde amende pour « justification du terrorisme » en raison d’une chronique sur un attentat-suicide anarchiste qui avait visé le FSB.