Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Bamako à l’appel d’un imam influent pour protester contre un projet de manuel scolaire d’éducation sexuelle abordant notamment la question de l’homosexualité, manuel pourtant abandonné par le gouvernement sous la pression des mouvements religieux.
L’imam Mahmoud Dicko, influent président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), a été porté en triomphe par ses partisans venus à pied et à moto, et qui scandaient « Allah Akbar », a rapporté un correspondant de l’AFP.
Le gouvernement malien a renoncé cette semaine à l’élaboration de ce manuel, conçu avec l’appui financier des Pays-Bas, comportant notamment un chapitre intitulé « orientation sexuelle », après une campagne lancée quelque jours plus tôt par Mahmoud Dicko.
L’influent imam était intervenu dans plusieurs médias pour dénoncer « un texte qui veut enseigner l’homosexualité aux enfants à l’école ».
« Nous ne voulons pas de l’enseignement de l’homosexualité dans nos écoles. Le gouvernement doit faire attention! », a déclaré dimanche à l’AFP un manifestant, Oumar Kanté, 24 ans, étudiant en sociologie à l’université de Bamako.
« Nous soutenons Mahmoud Dicko. Il a bien fait de refuser ce projet. Nous sommes des musulmans et nous sommes contre ces déviances », a abondé Moussa Diallo, un chômeur de 37 ans.
Après la marche-arrière du gouvernement, plusieurs membres du HCIM avaient annoncé l’annulation de la manifestation, non autorisée par le pouvoir, mais ils n’ont pas été suivis par les plus fervents partisans de Mahmoud Dicko.
S’exprimant devant la foule, l’imam leur a demandé de rester « sereins ». « Ne brûlez rien, ne cassez rien », a-t-il dit, dans un discours ponctué de « Allah Akbar ».
L’homosexualité n’est pas illégale au Mali mais des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) sont victimes de discriminations, dont des actes de violence « punitive » commis par des membres de leur famille ou de leur entourage, selon un rapport de l’ONG américaine Freedom House.
« A la suite de ma rencontre avec les leaders religieux, une commission comprenant l’Etat, des représentants des autorités coutumières et des sensibilités religieuses sera mise en place. Elle jugera de la nécessité d’apporter des amendements ou de l’abandon définitif dudit manuel », avait annoncé mercredi le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga..