Juan Guaido, le président du Parlement vénézuélien, la seule institution contrôlée par l’opposition, a été arrêté dimanche pendant près d’une heure par les services de renseignement, et le gouvernement s’est défendu de toute responsabilité dans cette arrestation.
Juan Guaido, 35 ans, a été arrêté par des hommes du Service bolivarien de renseignement national (Sebin), alors qu’il circulait sur l’autoroute pour se rendre à une réunion publique à Caraballeda, à 40 km de la capitale.
« Nous avons été interceptés par deux fourgons du Sebin, avec des hommes armés et encagoulés qui ont ouvert notre véhicule, nous ont obligés à descendre », a précisé Fabiana Rosales, l’épouse de M. Guaido. « Ils ne l’ont pas frappé, mais ils nous ont dit qu’ils devaient procéder à son arrestation immédiatement ».
Il a été libéré environ une heure après.
« Mes frères, je suis là ! », a lancé Juan Guaido à son arrivé à Carabella, où l’attendaient des centaines de ses partisans. « Le jeu a changé, le peuple est dans la rue (…) S’ils voulaient envoyer un message pour que nous nous cachions, voici la réponse du peuple, nous sommes là ».
« Ils ont essayé de me menotter, je ne l’ai pas permis parce que je suis le président légitime de l’Assemblée nationale », a poursuivi le député.
Le gouvernement vénézuélien s’est défendu de toute responsabilité dans cette arrestation, l’imputant à une décision « unilatérale » de fonctionnaires des services de renseignement.
– « Evénement illégal » –
« Nous avons appris qu’un événement illégal s’est produit, au cours duquel un groupe de fonctionnaires agissant unilatéralement a mené une procédure irrégulière contre le député Juan Guaido », a déclaré le ministre de la Communication, Jorge Rodríguez, dans une déclaration diffusée à la télévision gouvernementale.
« Ces fonctionnaires qui se sont prêtés à cette mise en scène contre le déroulement normal de vie de la République sont en train d’être démis et soumis à une procédure disciplinaire la plus stricte afin d’établir s’ils se sont bien prêtés à ce type d’événement ».
« Si Jorge Rodriguez dit qu’il s’agit d’une opération spontanée, cela veut dire que (le président Nicolas) Maduro ne contrôle plus l’armée, qu’un maillon s’est rompu dans la chaîne de commandement », a réagi M. Guaido.
« Qui dirige aujourd’hui le régime ? Si le gouvernement reconnaît qu’il ne contrôle pas les organismes de sécurité de l’Etat, il a un problème très grave », a ajouté M. Guaido, devant ses partisans.
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a dénoncé quant à lui une arrestation « arbitraire ». « Nous appelons les forces de sécurité à défendre la Constitution et les droits des Vénézuéliens. Les Etats-Unis et le monde regardent », a-t-il commenté sur Twitter.
Vendredi, au lendemain de l’investiture de Nicolas Maduro pour un deuxième mandat contesté de six ans, Juan Guaido avait déclaré devant un millier de personnes à Caracas que la Constitution vénézuélienne lui donnait la légitimité pour assumer le pouvoir dans le cadre d’un gouvernement de transition.
Il avait alors appelé à se mobiliser le 23 janvier en faveur d’un tel gouvernement.
Nicolas Maduro a été réélu le 20 mai à l’issue d’une présidentielle contestée. Les principaux partis d’opposition avaient boycotté ce scrutin marqué par une forte abstention.
Le 6 janvier, le Parlement avait déclaré illégitime ce nouveau mandat et promis d’encourager un « gouvernement de transition » et des « élections libres ».