Une cérémonie à grand spectacle dans l’immense stade des Martyrs de Kinshasa doit donner vendredi soir le coup d’envoi des 9e jeux de la Francophonie, que les Congolais veulent voir comme un message d’espoir dans un océan de problèmes.
Quatre-vingt mille spectateurs y sont attendus pour voir défiler les 3.000 jeunes sportifs et artistes, venus d’une trentaine de pays, engagés dans les compétitions et concours qui se déroulent pendant dix jours dans la capitale de la République démocratique du Congo, plus grande ville francophone du monde avec environ quinze millions d’habitants.
Dès le milieu de la matinée, des files d’attente se sont formées aux abords du stade, où le service d’ordre va devoir canaliser la foule pour éviter les bousculades.
En plus de la parade des délégations et de leurs porte-drapeaux, il est prévu « un spectacle son et lumière (gratuit) qui va présenter le Congo qui change », déclarait en début de semaine le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.
Attribués en 2019 à la RDC, ces jeux auraient dû avoir lieu en 2021, quatre ans après ceux d’Abidjan. Mais ils ont été reportés à cause de la pandémie de Covid-19, puis de nouveau en 2022 parce que les équipements nécessaires n’étaient pas prêts.
Car pour accueillir les sportifs, le pays, riche en minerais mais pauvre en niveau de vie et en infrastructures, a dû dépenser des dizaines de millions de dollars pour réhabiliter ou construire de nouvelles installations.
Ces dépenses se sont ajoutées à l’effort de guerre contre les groupes armés et rébellions dans l’est du pays, notamment contre le « M23 » qui, soutenu par le Rwanda, occupe une partie de la province du Nord-Kivu.
La crise rwando-congolaise engendrée par ce conflit s’est d’ailleurs invitée aux jeux de Kinshasa, avec une polémique autour de la présence à la cérémonie d’ouverture de la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères.
Lundi, le gouvernement congolais l’avait annoncée présente. Mais sa porte-parole indiquait le lendemain qu’elle ne viendrait pas parce qu’elle n’avait pas été invitée. Elle est remplacée à Kinshasa par l’administratrice de l’OIF, Caroline St-Hilaire.
– Craintes pour la sécurité –
En plus des dépenses engagées pour le renforcement de son armée, l’Etat congolais doit aussi assurer cette année le financement des élections prévues en décembre, dans un climat tendu et alourdi par l’assassinat d’un opposant, le 13 juillet à Kinshasa.
Le gouvernement présente le coût des jeux comme un investissement pour l’avenir du pays et de sa jeunesse, qui pourra profiter de gymnases tout neufs ou de chambres réhabilitées sur le campus de l’université de Kinshasa.
Même chose pour les ambulances qui iront ensuite à des structures de santé, pour le matériel de la télévision nationale ou pour la formation dont ont bénéficié des policiers pour la gestion des foules.
Les craintes pour la sécurité des délégations ont conduit certains pays, comme le Québec, à réduire leur participation ou carrément renoncer à venir à Kinshasa.
Les organisateurs ont très mal accueilli ces décisions, en affirmant que toutes les mesures nécessaires étaient prises. Quelque 4.500 policiers et des éléments de la garde républicaine seront déployés et une entreprise privée est chargée de la sécurité des aires de jeux.
Des militants de mouvements citoyens avaient prévu de manifester vendredi matin contre la tenue des jeux, contre la Francophonie, la France et le Rwanda, mais un gros dispositif policier, avec armes et véhicules anti-émeutes, les en a dissuadés, a constaté une journaliste de l’AFP.
Jusqu’au 6 août, les jeux de la Francophonie vont donner lieu à neuf compétitions sportives et onze concours culturels.
Les sports sont le foot masculin (moins de 20 ans), le basket féminin (18-25 ans), l’athlétisme et le para athlétisme, le cyclisme sur route, les luttes libre et africaine, le judo et le tennis de table. Le programme culturel comprend peinture, sculpture et photographie, chanson, danse, création numérique, littérature, contes, jonglerie avec ballon, marionnettes géantes et hip hop.