Les auteurs de la tentative de coup d’Etat contre le gouvernement de la région amhara en Ethiopie couraient après un « rêve vain », a assuré lundi le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, soutenant que cet événement attribué à un ethno-nationaliste amhara n’était pas « motivé ethniquement ».
Cette tentative de coup d’Etat est « un rêve vain consistant à déstabiliser le pays et prendre le pouvoir par la force », a déclaré le Premier ministre réformateur Abiy Ahmed, répondant à des questions des députés devant l’Assemblée.
Il a poursuivi en affirmant que cette tentative de prendre le pouvoir « n’était pas motivée ethniquement », sans donner plus de précisions, une analyse semblant aller à l’encontre de celle des observateurs.
Ces derniers notent que l’homme désigné par les autorités comme le cerveau présumé de cette tentative de coup d’Etat était un ethno-nationaliste amhara estimant que les autorités régionales ne faisaient pas assez pour défendre les intérêts des membres de l’ethnie amhara, la deuxième ethnie du pays. En fuite, cet homme a été tué lundi par des policiers.
Le 22 juin, des hommes armés ont tué à Bahir Dar, la capitale régionale, trois hauts responsables du gouvernement de cette région, dont son président. Ils ont également tenté de prendre le contrôle de certains points stratégiques de la ville, selon les autorités et des témoins interrogés par l’AFP.
Quelques heures plus tard, le chef d’état-major de l’armée éthiopienne Seare Mekonnen a été tué à son domicile d’Addis Abeba, la capitale du pays, alors qu’il organisait la réponse à l’attaque de Bahir Dar. Un général à la retraite lui rendant visite a également été tué.
Selon le Premier ministre, le massacre de plus de 50 civils dans la région de Benishangul-Gumuz, près de la frontière avec l’Amhara, est liée aux deux autres incidents.
Concernant l’utilisation du terme « coup d’Etat » pour désigner ces événements, le Premier ministre a soutenu que dans le cadre du système fédéral éthiopien, toute attaque contre un état régional équivaut à une attaque contre le gouvernement fédéral.
Vendredi, le bureau du Premier ministre a annoncé l’arrestation de plus de 250 personnes en lien avec la tentative de renverser le gouvernement amhara.
Avant cela, le Mouvement national amhara (NaMa), un parti ethno-nationaliste d’opposition ayant gagné en popularité depuis l’ouverture de l’espace démocratique par M. Abiy, avait annoncé que des dizaines de ses membres et sympathisants avaient été arrêtés.
Fondé en 2018, le NaMa « défend des revendications territoriales sur le Tigré voisin et assure qu’il mettra un terme aux +persécutions+ des Amhara vivant en dehors de la région amhara », a relevé le centre de recherche géopolitique International Crisis Group.
Le Premier ministre a désigné l’ancien chef des renseignements éthiopiens, Adem Mohammed, en remplacement de Seare Mekonnen à la tête de l’état-major éthiopien.