Les détenus interpellés après la mutinerie qui a éclaté à la prison centrale de Yaoundé fin juillet font l’objet de procédures légales « dans le strict respect des lois », a indiqué le ministre camerounais de la Communication, René Emmanuel Sadi.
« Les diverses procédures légales initiées à l’encontre des meneurs » de la mutinerie « ont été conduites dans le strict respect des lois de la République », a-t-il déclaré lors d’un point presse vendredi, pour désamorcer toute critique des processus judiciaires.
En tout 244 détenus ont été interpellés à la suite de la mutinerie, a précisé le ministre. Nombreux sont des opposants politiques, séparatistes anglophones ou militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, le parti du principal opposant camerounais Maurice Kamto, selon leurs avocats.
Leurs camarades respectifs ont dénoncé plus tôt leurs « kidnappings » et « disparitions », alors que leurs avocats affirment ne pas savoir où ils ont été emmenés après leur interpellation.
En protestation, le dirigeant des séparatistes anglophones au Cameroun, Julius Ayuk Tabe, a entamé mardi soir une grève de la faim depuis une autre prison de Yaoundé où il est détenu.
Selon le ministre, lors de leur arrestation « plusieurs détenus ont été trouvés en possession (…) d’armes blanches, dont des poignards, des couteux, des scies à métaux ».
Dans la nuit du 22 au 23 juillet, la prison centrale de Yaoundé avait été le théâtre d’une mutinerie. Des coups de feu avaient été tirés, des services entiers avaient été saccagés et d’autres brûlés.
Le lendemain, la prison centrale de Buea, chef-lieu du Sud-Ouest, une des deux régions anglophones du Cameroun en proie à une violente crise, avait, elle aussi, été secouée par une mutinerie marquée par le saccage et l’incendie de certaines installations.
Selon le gouvernement, 45 personnes, dont 43 détenus, avaient été blessées et 20 protestataires arrêtés.
Les détenus anglophones des deux prisons demandaient à être traduits en justice et l’amélioration de leurs conditions de détention. ONG et avocats dénoncent régulièrement les lenteurs judiciaires et les conditions de détention dans les prisons camerounaises.
Les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont confrontées à une violente crise socio-politique depuis près de trois ans qui a dégénéré en conflit armé, soldats et séparatistes s’affrontant régulièrement.
Selon l’ONU, plus de 530.000 personnes ont dû fuir leurs lieux de vie entre le début du conflit fin 2016 et la fin du mois de juin.