Les grandes manoeuvres ont commencé mercredi aux Etats-Unis, au lendemain de la décision explosive des démocrates de lancer une procédure de destitution contre Donald Trump: au coeur de la bataille, la transcription d’une conversation entre le président américain et son homologue ukrainien.
Très en colère, le locataire de la Maison Blanche a de bon matin, depuis New York, vilipendé des démocrates « emplis de haine et de peur », estimant être le président le plus « maltraité » de l’histoire des Etats-Unis.
A quelques 400 jours de la prochaine présidentielle, les démocrates ont lancé la première étape de la mise en accusation solennelle de Donald Trump, une procédure rare et explosive qui a peu de chances d’aboutir à sa destitution, mais projette une ombre sur sa campagne de réélection.
Alertés par un mystérieux lanceur d’alerte, ils le soupçonnent d’avoir fait pression sur les autorités ukrainiennes pour les forcer à enquêter sur l’ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden, bien placé pour l’affronter lors du scrutin de 2020.
Se disant victime d’une « chasse aux sorcières de caniveau », Donald Trump va tenter mercredi de déconstruire leur argumentaire et de prouver que ses échanges avec Kiev étaient parfaitement « irréprochables ».
Il s’est d’abord engagé à publier le compte-rendu d’une conversation téléphonique qu’il a eue fin juillet avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, au coeur de l’affaire.
« ESt-ce que les démocrates s’excuseront après avoir vu ce qui s’est dit lors de cet appel avec le président ukrainien? », a-t-il tweeté. « Ils devraient, c’était un appel parfait, on les pris par surprise ! »
Mercredi après-midi, les deux dirigeants doivent se retrouver en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Les déclarations de M. Zelensky, qui se trouve dans une position très inconfortable, seront particulièrement suivies.
Dans la foulée, le milliardaire républicain doit participer à une conférence de presse sur son séjour à l’ONU, au cours de laquelle il devrait développer sa défense.
– « positif » –
De leur côté, les élus démocrates de la Chambre des représentants tentent de sécuriser l’audition du lanceur d’alerte, un membre de la communauté du renseignement, à l’origine du scandale.
Ils doivent également entendre jeudi le directeur du renseignement national, Joseph Maguire, qui avait refusé de leur transmettre son signalement.
Leur but ? réunir le maximum d’informations au sein de plusieurs commissions pour étayer leur dossier de mise en accusation (« impeachment » en anglais) avant de passer au vote en séance plénière à la chambre basse du Congrès.
Compte-tenu de la majorité démocrate dans cette enceinte, il est probable que Donald Trump soit mis en accusation, ce qui n’est arrivé qu’à deux de ses prédécesseurs: les démocrates Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton, poursuivi pour « parjure » en 1998 après sa liaison avec la stagiaire de la Maison Blanche Monica Lewinsky.
Le Sénat, où les républicains restent majoritaires, devra ensuite conduire le « procès » du président et rendre son verdict à une majorité des deux-tiers. Pour que le milliardaire new-yorkais soit destitué, les démocrates devraient convaincre 20 sénateurs républicains, ce qui paraît hautement improbable à ce stade.
L’exercice pourrait se retourner contre eux. Donald Trump a estimé mardi qu’une mise en accusation aurait un effet « positif » sur sa campagne.
Cette éventualité a longtemps freiné la chef des démocrates au Congrès Nancy Pelosi, qui a freiné pendant des mois les appels des élus les plus progressistes à lancer la procédure de destitution sur la base des conclusions de la tentaculaire enquête russe.
L’habile stratège de 79 ans craignait que les électeurs ne sanctionnent en 2020 un parti qui passerait trop de temps à cibler le républicain, plutôt qu’à parler des sujets qui les préoccupent profondément, comme l’économie et la santé.