Un spectaculaire incendie était toujours en cours jeudi matin dans une usine chimique classée comme particulièrement dangereuse à Rouen (nord-ouest de la France), qui n’a pas fait de victime mais la préfecture a pris des mesures de protection des habitants.
Vers 00h30 GMT jeudi, un incendie s’est déclaré dans un entrepôt de l’usine Lubrizol, situé à environ 3 km du centre-ville et de la célèbre cathédrale de Rouen.
Ce panache de fumée « noire » lié à la présence « d’hydrocarbures » est « forcément anxiogène » mais les « premières analyses n’ont pas fait apparaître de toxicité aiguë sur les principales molécules que nous suivons, ce qui est plutôt rassurant », a déclaré le préfet de Normandie, Pierre-André Durand.
Des habitants ont entendu des bruits d’explosion dans la nuit mais il s’agissait de fûts d’huile qui ont éclaté, selon la préfecture.
Un périmètre de 500 mètres autour du site a été évacué, a poursuivi le préfet. Les quelques habitants de cette zone industrielle sont invités à rester chez eux, et le reste de la population de l’agglomération est fortement incité à limiter ses déplacements.
« Le feu n’est pas circonscrit. Le dispositif monte en puissance. 200 hommes et plus de 60 véhicules sont mobilisés. J’attends des renforts nationaux », a précisé vers 05h30 GMT un responsable des pompiers.
Plusieurs établissements accueillant du public sont fermés, comme les établissements scolaires et les crèches à Rouen et onze communes avoisinantes, a précisé la préfecture.
Les maisons de retraites font l’objet d’une mesure de confinement, selon la même source.
La préfecture a demandé de « limiter les déplacements non indispensables », ajoutant que les transports en commun fonctionnent.
– De précédentes fuites –
Créée en 1954 sur les bords de la Seine, rive gauche, cette usine fabrique et commercialise des additifs qui servent à enrichir les huiles, les carburants ou les peintures industriels.
Elle a été classée « Seveso seuil haut » ce qui signale sa dangerosité et implique qu’elle bénéficie d’une surveillance particulière.
En janvier 2013, elle avait été à l’origine d’une fuite de gaz malodorant qui avait empuanti jusqu’à la région parisienne et au sud de l’Angleterre. En 2014, la société Lubrizol France avait été condamnée à une amende de 4.000 euros.
Les émanations étaient du mercaptan, un composé inoffensif à faible dose utilisé comme marqueur du gaz de ville.
Un incident impliquant du mercaptan s’était déjà produit en 1990 mais les vents avaient poussé l’odeur vers les côtes.
Plus récemment, en 2015, quelque 2.000 litres d’huile minérale se sont déversés dans le réseau d’évacuation des eaux pluviales après un « incident d’exploitation » à l’usine chimique.
L’usine à Rouen appartient au groupe de chimie américain Lubrizol Corporation, lui-même propriété de Berkshire Hathaway, la holding du milliardaire et célèbre investisseur américain Warren Buffett.