Les tarifs de l’électricité ont quadruplé au Zimbabwe, a annoncé mercredi l’agence de régulation de l’énergie (Zera) de ce pays en proie à l’hyperinflation et où les coupures d’électricité durent jusqu’à dix heures par jour.
Le prix du kilowatt est passé de 0,38 à 1,62 dollar zimbabwéen (0,11 dollar américain), a indiqué Zera dans un communiqué, citant « la dépréciation de la monnaie locale face aux devises étrangères » pour justifier cette flambée des prix.
Il s’agit de la deuxième hausse des tarifs de l’électricité en l’espace de deux mois. En août, ils avaient déjà enregistré une augmentation allant jusqu’à 400%.
Malgré cette très forte hausse, la société publique de production et de distribution d’électricité, la ZETDC, n’avait « pas été en mesure de fournir suffisamment d’électricité, conduisant à de longues heures de coupures », a expliqué Zera.
Des entreprises ont été contraintes de fonctionner la nuit, le seul moment où l’électricité est de nouveau disponible, et des habitants de se lever en pleine nuit pour faire tourner leurs machines à laver ou arroser leur potager.
Grâce au quadruplement des tarifs, « les autorités s’attendent à une amélioration de l’approvisionnement » car la ZETDC « va pouvoir importer de l’électricité ».
Cette flambée des prix de l’électricité est la dernière en date dans un pays qui a désormais renoué avec l’hyperinflation.
En août, l’inflation s’est envolée à près de 300% sur un an, selon le Fonds monétaire international (FMI). Mais des économistes estiment qu’elle est au moins deux fois plus élevée.
La semaine dernière, les prix des carburants ont encore augmenté de 25% après plusieurs hausses ces derniers mois.
En janvier, le quasi-triplement des prix avait provoqué des manifestations réprimées dans le sang. Au moins 17 personnes avaient été tuées par les forces de l’ordre.
Le Zimbabwe est embourbé depuis deux décennies dans une profonde crise économique.
Le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à Robert Mugabe après près de quatre décennies au pouvoir, a promis de relancer l’économie et de faciliter les investissements, mais à présent sans succès.
La situation a au contraire empiré depuis un an. Le pays a renoué avec les pénuries – d’argent liquide, d’électricité, de carburants, d’eau, de médicaments… – et beaucoup de familles sont contraintes de survivre avec un seul repas par jour.
Compte tenu de la crise, la banque britannique Standard Chartered Bank a annoncé mercredi la fermeture de six de ses neuf succursales dans le pays.