Le président de l’Assemblée nationale française et son homologue allemand appellent mardi à une réouverture le plus vite possible des frontières entre pays européens, après plusieurs semaines de fermeture due à la pandémie de coronavirus.
« La France et l’Allemagne doivent œuvrer en faveur du rétablissement immédiat de la libre circulation au sein de l’espace Schengen lorsque les conditions seront remplies », soulignent Richard Ferrand et Wolfgang Schäuble dans une déclaration commune obtenue par l’AFP.
« La fermeture de la frontière franco-allemande a déjà de lourdes conséquences, qui vont bien au-delà de la région frontalière et pèsent notamment sur la perception des relations franco-allemande », indiquent M. Ferrand, membre du parti centriste LREM du président Emmanuel Macron, et Wolfgang Schäuble, un poids lourd du mouvement conservateur CDU de la chancelière Angela Merkel, en plaidant pour « une action rapide ».
Ce texte est publié à deux jours d’une réunion de l’Assemblée parlementaire franco-allemande, un nouveau forum des deux chambres créé pour renforcer les relations entre les deux pays. Elle sera consacrée aux leçons à tirer en Europe de la pandémie de Covid-19.
A ce jour, une réouverture des frontières est programmée à l’intérieur de l’Europe à partir de la mi-juin, mais jusqu’ici les annonces se font dans le désordre entre pays européens en dépit des appels de la Commission européenne à davantage de concertation.
Les présidents des deux chambres des députés ont aussi dans leur déclaration « salué » et apporté leur « soutien » à la récente proposition du chef de l’Etat français et de la chancelière en vue d’un plan de relance en Europe doté de 500 milliards d’euros, suite à la pandémie, et financé par de la dette contractée par l’Union européenne.
Un projet qui suscite la controverse car il brise un tabou européen en matière de mutualisation de la dette.
Il faut que « l’Europe sorte renforcée après la crise du coronavirus », disent-ils.
Les deux responsables vont même plus loin en appelant « maintenant à lancer une décennie d’investissements » publics en Europe, dans la santé, la protection du climat ou encore la sécurité.
« L’initiative de nos deux gouvernements devrait être le coup d’envoi pour mettre au point une sorte de nouveau Plan Schuman », ajoutent-il, en référence au texte fondateur de la construction européenne publiée en mai 1950, soit il y a exactement 70 ans.
Plus spécifiquement, M. Schäuble s’est prononcé dans une interview à l’AFP pour « une plus grande intégration politique » de l’Europe passant si nécessaire par des changements de traités.
Il a prévenu que ce ne serait « pas facile » compte tenu de l’appétit « limité » de certains pays de l’UE pour des transferts supplémentaires de souveraineté nationale au niveau européen.
Mais « si la France et l’Allemagne le font ensemble il y a une chance d’arriver à des résultats », a jugé M. Schäuble en citant notamment les questions de coopération économique, de défense et de politique étrangère.
« Nous considérons que le moment est venu de se pencher sur le contenu du projet européen, de débattre de ce que nous voulons faire ensemble. Que voulons-nous sauver ? Que voulons-nous refonder ? », a souligné pour sa part M. Ferrand auprès de l’AFP.