La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest « ne peut tolérer la déstabilisation d’un Etat membre », a affirmé vendredi le président nigérien Mahamadou Issoufou, à l’ouverture d’un sommet extraordinaire de la Cédéao sur la crise en Guinée-Bissau à Niamey.
Après les discours, les chefs d’Etat de l’organisation se sont réunis à huis clos, deux jours après avoir donné « 48 heures pour démissionner » au « gouvernement illégal » nommé par le président bissau-guinéen José Mario Vaz sous peine de lourdes sanctions. Le sommet doit tenter de trouver une sortie à cette crise qui dure depuis plus d’une semaine.
« La Guinée Bissau vit une situation de crise politique et institutionnelle grave avec des conséquences désastreuses pour ce pays et pour la sous-région. Cette situation constitue un écart grave par rapport aux valeurs et normes définies dans les différents protocoles de la Cédéao », a poursuivi M. Issoufou.
Le président de la Commission de la Cédéao, l’Ivoirien Jean-Claude Brou, avait affirmé jeudi soir à la télévision nigérienne: « C’est un important sommet extraordinaire (…) C’est un pays frère (…)qui traverse une période un peu difficile au plan politique. C’est normal que les chefs d’Etat se réunissent pour examiner la situation et pour essayer d’apporter des solutions pour pouvoir permettre à ce pays de retrouver la sérénité, la paix et la stabilité ».
« Il y a des élections présidentielles qui sont prévues en Guinée Bissau le 24 novembre 2019, ce sont des élections importantes, ça va permettre de régler la question du vide constitutionnel qui existe et ça va permettre au pays de clôturer le cycle électoral puisqu’il y a eu des élections législatives le 10 mars 2019 et donc c’est une élection (présidentielle) importante », a-t-il rappelé.
De son côté, le président Vaz avait exigé mercredi du gouvernement qu’il a limogé de libérer dans les 24 heures les ministères.
La poursuite depuis plus d’une semaine de ce bras de fer entre M. Vaz et le Premier ministre soutenu par la communauté internationale qu’il a limogé, Aristide Gomes, fait peser une hypothèque sur l’élection présidentielle du 24 novembre.
Ce scrutin est supposé maintenir le cap de la légalité constitutionnelle retrouvé avec l’élection de M. Vaz en 2014. Mais ce dernier, président sortant de Guinée-Bissau, continue de défier la communauté internationale en maintenant le gouvernement qu’il a formé le 31 octobre.
Il venait de limoger le Premier ministre, Aristides Gomes, et son gouvernement, avant de nommer le 29 octobre Faustino Imbali à son poste, ainsi que 17 ministres et 14 secrétaires d’Etat.
Une mission de la Cédéao à Bissau a réaffirmé dimanche son soutien à M. Gomes et demandé à M. Vaz de revenir sur son limogeage et celui de ses ministres.
Le chef de l’Etat bissau-guinéen a rétorqué qu’il « ne reviendrai(t) jamais » sur ces mesures.