Le film « Black Is King » de la chanteuse américaine Beyoncé a été mis en ligne vendredi sur la plateforme Disney+. Loué pour sa célébration de la culture noire, il est aussi critiqué pour sa vision distanciée de l’Afrique.
Le long-métrage accompagne l’album « The Lion King: The Gift », sorti en juillet 2019 et inspiré du film « Le Roi Lion », version en prises de vues réelles du classique de Disney.
C’est un conte qui reprend le thème du « Roi Lion », en mettant en scène un jeune garçon engagé dans un parcours initiatique.
Beyoncé en a fait un ambitieux projet esthétique, salué par la critique.
Jude Dry, du site IndieWire, a rendu hommage à un film « saturé d’effets visuels époustouflants ».
A l’aune du mouvement né de la mort de George Floyd, le projet, tout entier tourné vers l’héritage noir, a une résonance démultipliée.
« +Black Is King+ est une présentation parfois pénétrante d’artistes africains dont le travail se mélange brillamment avec celui d’Américains qui ont des racines sur le continent », a écrit John DeFore, du Hollywood Reporter.
Beyoncé a ainsi notamment convié la chanteuse nigériane Yemi Alade, la Sud-Africaine Busiswa ou l’artiste ghanéen Shatta Wale, qui sont ici beaucoup plus visibles que sur l’album, dominé par les vedettes américaines.
Mais certains ont critiqué la « wakandafication » opérée par « Queen Bey », référence à Wakanda, royaume imaginaire situé en Afrique où se déroule le film et la bande dessinée « Black Panther ».
L’artiste originaire de Houston a, selon ses détracteurs, livré une vision déformée et amalgamée de l’Afrique.
« Quelqu’un peut-il dire à Beyoncé que l’Afrique n’a pas qu’une culture et que nous sommes des gens normaux? », a tweeté Kaye Vuitton, un Nigérian.
« Il y a des choses plus urgentes à faire que de se fâcher contre une femme afro-américaine qui utilise ses moyens pour interroger, explorer et interpréter artistiquement une façon de combler les manques de son identité », a écrit, dans le quotidien britannique The Independent, Timeka Smith, activiste pour l’égalité raciale.
Ces manques, dit-elle, ce sont les liens entre les Afro-Américains et leur passé en Afrique, dont ils ont été coupés et qu’ils cherchent à reconstituer.