Les entreprises ne sont pas souvent prêtes à se lancer dans un examen de conscience sur la diversité – ou son absence – au sein de leur personnel, mais l’élan de colère provoqué par la mort de George Floyd aux Etats-Unis les a obligées à afficher leur solidarité avec les Afro-Américains, voire à faire des dons ou des promesses.
Tour d’horizon non exhaustif des réponses des sociétés à la pression de la rue et des réseaux contre le racisme systémique.
– Gestes symboliques –
« Pour une fois, +Don’t Do It+… Ne faites pas comme s’il n’y avait pas un problème (de racisme) en Amérique », a tweeté Nike le 29 mai, détournant son célèbre slogan (« Just Do It »).
C’est l’une des premières marques à avoir dégainé une réponse ad hoc au meurtre de George Floyd, asphyxié par un policier blanc, alors que plusieurs grandes villes américaines faisaient face à des émeutes.
Au même moment, Mark Mason, le directeur financier de Citibank, un Afro-Américain, écrivait 10 fois de suite « I can’t breathe » (« je ne peux pas respirer ») dans un billet de blog sur le site de la banque.
D’autres gestes symboliques ont suivi: Playstation (Sony), Android (Google) et Electronic Arts ont reporté des événements marketing, expliquant que ce n’était « pas le moment ».
Jack Dorsey a décidé de faire du 19 juin, la fête qui commémore l’émancipation des derniers esclaves aux Etats-Unis, un jour férié dans le pays pour ses deux sociétés, Twitter et Square.
Alexis Ohanian, cofondateur de la plateforme Reddit et mari de Serena Williams, a lui démissionné du conseil d’administration le 5 juin et demandé à l’entreprise d’embaucher un candidat noir pour le remplacer.
– Actions, réactions –
Le géant de l’informatique IBM a annoncé début juin suspendre la vente de logiciels de reconnaissance faciale. Cette technologie est accusée de manquer de fiabilité dans l’identification des minorités, notamment noires ou asiatiques.
Amazon et Microsoft, sous pression d’associations les appelant à se positionner « du bon côté de l’histoire », lui ont emboîté le pas.
Les réseaux sociaux se retrouvent eux à la fois plateformes de lutte contre le racisme et cible de nombreux militants, qui les accusent de faciliter la propagation de la haine.
Twitter a masqué pour la première fois un message de Donald Trump qui expliquait, fin mai, que les émeutes seraient « accueillies par les balles ».
La plateforme de streaming Twitch a temporairement suspendu le compte du président américain pour comportement haineux, et Reddit, d’ordinaire très permissif, a banni un forum de fans de Trump pour avoir enfreint son règlement sur l’incitation à la haine.
Grindr, une application de rencontres homosexuelles, a elle retiré le filtre de l’ethnicité.
Mais le gros morceau est évidemment Facebook, régulièrement accusé de laxisme. Le réseau social planétaire, qui a lourdement investi dans la modération des contenus, a banni des groupes suprémacistes et durci son règlement.
Insuffisant, répondent des associations et près de 1.000 annonceurs qui participent à un boycott publicitaire contre le réseau.
– Des sous –
Apple a lancé une initiative pour « l’équité raciale et la justice » dotée de 100 millions de dollars, Facebook va consacrer 200 millions à soutenir des PME afro-américaines et Google doit verser 275 millions à différentes causes pour lutter contre la discrimination raciale, dont 100 millions par YouTube pour aider les artistes noirs.
Le Japonais SoftBank Group va créer un fonds de 100 millions de dollars pour les start-up fondées par des entrepreneurs noirs.
Walmart (distribution) met aussi 100 millions sur la table, sur 5 ans, pour créer un « centre de l’égalité raciale ».
De nombreux entrepreneurs et sociétés ont fait des dons à des organisations de la société civile liées au mouvement Black Lives Matter.
Nike a promis 40 millions sur 4 ans, Amazon et les supermarchés Target ont chacun promis 10 millions, Coca-Cola 2,5 millions, et Satya Nadella, le patron de Microsoft, 1,5 million.
Viennent ensuite Electronic Arts, H&M, Gap, Levi’s, Peloton, Ubisoft, et de nombreuses autres marques.
– Des promesses –
Adidas a promis que 30% des nouvelles embauches aux Etats-Unis seraient des personnes noires ou d’origine latino-américaine.
Google veut promouvoir des Afro-Américains dans l’encadrement de l’entreprise et s’est donné comme objectif d’améliorer de 30% la représentation des groupes en minorité d’ici 2025.
Microsoft, Apple et d’autres ont pris des engagements similaires.
Target va offrir 10.000 heures de conseil gratuites pour des PME détenues par des « personnes noires et de couleur ».
Airbnb, qui dit avoir banni 1,3 million de personnes depuis 2016 pour « avoir refusé de traiter les autres sans préjugés », s’est engagé à « débusquer, évaluer et dépasser » les discriminations dans le processus de réservation.