Le général Djibrill Bassolé, l’un des auteurs présumés du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso, a refusé lundi au procès d’évoquer les écoutes téléphoniques, pièce maîtresse du dossier d’accusation.
L’ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères est poursuivi sur la base de l’enregistrement d’une conversation téléphonique qu’il aurait eue avec le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, dans laquelle celui-ci semble affirmer son soutien au putsch du 16 septembre 2015.
« Je ne souhaite pas faire le moindre commentaire », a déclaré M. Bassolé à la barre, interrogé par le parquet sur le contenu des écoutes téléphoniques, au troisième jour de sa comparution, le procès ayant été suspendu pendant deux semaines pour les fêtes.
Selon lui, les écoutes, dont la retranscription a été lue par le parquet, ont été « fabriquées, manipulées », ce sont des « enregistrements sauvages », « placés à dessein » dans le dossier pour l’accabler.
« Qu’on me dise d’où viennent ces écoutes, qui les a enregistrées et comment elles se sont retrouvées sur la place publique », a-t-il lancé au parquet.
Selon le procureur militaire Alioune Zanré, un rapport d’expertise conclut que « les analyses acoustique et linguistique n’ont produit aucun indice ni trace de trucage ou de montage ». Mais il a refusé de dévoiler le procédé par lequel ces enregistrements ont été obtenus.
« Le même expert a dit que la gamme de fréquences surpasse le standard international pour GSM mobile. En clair, ce n’est pas le résultat d’une écoute classique mais un contenu obtenu autrement », a rétorqué le général Bassolé.
Accusé de « trahison, complicité d’attentat à la sûreté de l’État, meurtres, coups et blessures » au cours du putsch qui a fait 14 morts et 270 blessés, il risque la prison à perpétuité.
Au total, 84 accusés sont jugés depuis février, dont le général Gilbert Diendéré, le principal accusé et cerveau présumé du coup de force manqué, qui a comparu pendant deux semaines avant M. Bassolé.
Le 16 septembre 2015, des soldats du régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré.
Le RSP était la garde prétorienne de Blaise Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par une insurrection populaire après 27 ans au pouvoir.
Djibrill Bassolé était l’un des barons du régime Compaoré, dont il fut le chef de la diplomatie. Contrairement au président déchu, il n’avait pas fui le Burkina après la chute du régime.