Une statue géante de Thomas Sankara, déboulonnée au lendemain de son inauguration en mars 2019 en raison de critiques sur le manque de ressemblance avec le « père de la révolution », assassiné lors d’un coup d’État en 1987, a été réinstallée dimanche après avoir été modifiée.
Surnommé, le « Che africain », Sankara, resté quatre ans au pouvoir, est devenu une icône du panafricanisme, toujours célébré par la jeunesse du continent et immensément populaire dans son pays.
« Il est difficile de reproduire Sankara à 100% mais ce que nous avons là représente bien Sankara », s’est réjoui le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Alpha Barry lors de la cérémonie.
« Nous avons pris en compte les critiques massivement formulées. L’œuvre humaine étant perfectible, on pouvait toujours la pousser vers la perfection », a déclaré Serges Bayala, membre du Comité international du mémorial Thomas Sankara (CIM-TS), rejetant de nouvelles critiques.
« Cette représentation constitue une victoire d’étape », vers la réalisation du mémorial, qui doit abriter plusieurs infrastructures dont une bibliothèque, a-t-il indiqué.
Dévoilé en mars 2019, en grande pompe en marge du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), en présence du président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et de l’ancien chef d’Etat ghanéen Jerry Rawlings, le monument de huit mètres de haut a suscité d’emblée des critiques et devant la pression populaire, il avait été décidé de l’enlever pour remodeler le visage de Sankara.
« Au début nous avons eu 120 jours pour la réalisation de la statue, alors que cette fois-ci nous avons eu plus d’un an », a expliqué Jean-Luc Bambara, à la tête du collectif de 57 artistes burkinabé qui a réalisé la statue.
« C’est un travail révolutionnaire et ce résultat n’est pas celui auquel on s’attendait », a-t-il déclaré, se réjouissant « des améliorations et corrections apportées par toute la population et les amis de Sankara ».
Erigée sur les lieux du siège du Conseil national de la révolution, où le président Sankara a été tué, la statue de bronze représente le père de la révolution burkinabé, dans son uniforme de capitaine, le poing gauche levé.
Sur chacune des quatre faces du socle de la statue, sont aussi représentés les bustes de trois des douze compagnons tués en même temps que lui.
Le sujet de son assassinat était tabou sous le régime de Blaise Compaoré, qui a bénéficié de sa mort pour prendre un pouvoir qu’il a occupé pendant 27 ans, jusqu’à sa chute en octobre 2014.
Beaucoup d’observateurs soupçonnent l’ancien ami de Sankara, aujourd’hui en exil en Côte d’Ivoire, d’avoir commandité son assassinat.