« Sans passion », « sans leaders », avec un entraîneur « incapable de transcender l’équipe »: après sa défaite inaugurale à Rome contre la Lazio en Ligue des champions, Dortmund a été éreinté par les commentateurs, qui ressassent les mêmes critiques depuis l’arrivée de Lucien Favre sur le banc en 2018.

De sorte que la réception du Zenit Saint-Pétersbourg mercredi (21h00) fait déjà figure de match couperet pour le Borussia, dans un groupe pourtant abordable où figure aussi les Belges du Club Bruges.

Car le 3-1 encaissé mardi dernier dans la ville éternelle n’était pas une défaite « honorable ». Le BVB, malgré la supériorité de ses individualités, a livré « une prestation minable », a fustigé le manager de l’équipe Sebastian Kehl, ancien joueur qui incarna, lui, les vertus guerrières de Dortmund dans sa grande époque, notamment sous Jürgen Klopp de 2008 à 2015.

« Ils ont perdu le match sur l’état d’esprit », a abondé le consultant vedette de Sky Dieter Hamann, ancien vainqueur de la Ligue des champions avec Liverpool, « ils ne sont jamais sortis des starting block, ils ont été devancés dans tous les compartiments du jeu ».

Michael Zorc, le directeur sportif, a préféré ironiser: « En défense, nous avons respecté scrupuleusement la distance sociale », a-t-il dit, en référence au 1,5 mètre recommandé en Allemagne entre deux interlocuteurs pour éviter une contamination au Covid-19.

 

– « Favre a un problème » –

 

Si les consultants sont cette fois restés prudents sur la question de l’entraîneur, la presse sportive ne ménage désormais plus le Suisse de 62 ans.

« Une nouvelle fois, ce sont ces célèbres vertus cardinales du football – devenues à Dortmund tristement célèbres –  qui ont fait défaut à Rome à cette équipe si talentueuse, mais aussi si inconstante », commente le magazine du football Kicker.

« Mais, ajoute le journal, ce n’est pas ce soir-là que l’on a découvert que l’entraîneur de Dortmund a un problème pour préparer mentalement son équipe à un duel comme celui contre la Lazio ».

Même si certains joueurs, individuellement, sonnent parfois la révolte, tel le très jeune Erling Haaland à Rome, ou l’international allemand Emre Can, actuellement en quarantaine après un test positif au Covid-19.

Le grand quotidien populaire Bild, qui tire régulièrement à boulets rouges sur Favre, déplore son incapacité à tirer profit de ses ados surdoués: « Malgré de nombreux jeunes talents magiques, son équipe a une nouvelle fois déjoué (…) comme si souvent par le passé », tacle Bild: « C’est de l’eau fraîche au moulin de tous ceux qui, y compris en interne au club, considèrent que Favre n’est pas un entraîneur capable de gagner un titre ».

 

– Le charisme de Klopp –

 

De fait, le dernier titre du Borussia est une victoire en coupe d’Allemagne en 2017, sous la férule d’un certain Thomas Tuchel.

Après la défaite à Rome, Favre était en colère contre ses joueurs. « Ils doivent le savoir: c’est un combat, c’est un combat! Il faut courir », a-t-il fulminé.

Mais l’ancien entraîneur de Nice, aux talents incontestés de technicien du football, pâtit auprès des médias allemands de la comparaison avec ses prédécesseurs Klopp et Tuchel.

Ses intonations nonchalantes, sa gestuelle, peuvent donner l’impression – à tort? – qu’il ne dégage pas dans le vestiaire le charisme de ses devanciers.

Certes le BVB s’est refait une santé samedi, en remportant 3-0 le prestigieux derby de la Ruhr contre Schalke. Mais Schalke est cette année avant-dernier du classement, englué dans une crise historique de 21 matches consécutifs sans victoire. Difficile, dans ces conditions, de voir dans cette victoire un match référence.

Dortmund est donc sommé de rééditer une performance au moins semblable contre le Zenit, sous peine de voir une nouvelle fois les critiques s’acharner sur Favre… et les espoirs de qualification pour les 8es de finale s’éloigner.