Un « exploit mérité » et une « fierté »: le roi Mohammed VI a chaudement félicité l’Algérie après sa victoire en finale de la CAN, en dépit des relations difficiles entre Rabat et Alger, et de nombreux Marocains ont célébré le sacre de leurs voisins.
Dans son message adressé au président par intérim Abdelkader Bensalah, Mohammed VI a félicité le « peuple algérien frère » pour la « victoire bien méritée » des Fennecs, qui ont battu le Sénégal (1-0) vendredi au Caire, un « exploit footballistique continental ».
Le souverain de 56 ans a exprimé ses « sentiments de fierté » et ses « sincères expressions d’estime (…) surtout qu’il s’agit de la victoire d’un pays maghrébin voisin et frère dont la consécration est celle du Maroc ».
Après l’élimination surprise de leur équipe dès les huitièmes de finale, de nombreux supporters Marocains ont choisi de supporter l’Algérie, et, à chaque victoire des Fennecs, laissaient éclater leur joie à coups de klaxons et de messages de joie sur les réseaux sociaux.
Vendredi, au coup de sifflet final, des Marocains ont célébré le sacre dans plusieurs villes du royaume, selon des images diffusées par la presse locale.
Mais à Laâyoune (Sahara occidental contrôlé par le Maroc), les célébrations ont été entachées par des « actes de sabotage et de pillage » d’un « groupe d’individus », selon les autorités marocaines, citées par l’agence de presse marocaine MAP.
Des « dizaines d’éléments des forces publiques ont été blessés », une « agence bancaire a été incendiée » et une femme de 24 ans est décédée, selon la même source, qui ne précise pas la cause du décès. Une enquête a été ouverte.
Les peuples marocain et algérien sont très proches culturellement, malgré les relations conflictuelles qu’entretiennent leurs pays respectifs, séparés par une longue frontière de 1.500 km fermée depuis 1994.
Depuis plus de 40 ans, les rapports entre les deux poids-lourds du Maghreb sont plombés par la question du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole revendiquée par Rabat –qui en contrôle la majeure partie– et par le Polisario, soutenu par l’Algérie, qui réclame un référendum d’autodétermination.
La brouille maroco-algérienne entrave la mise en œuvre de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et représente un coût économique estimé par des experts internationaux à plusieurs points de PIB.
Fin 2018, alors qu’Abdelaziz Bouteflika était toujours au pouvoir, Rabat avait proposé à Alger de « dépasser les différends ». Mais son invitation est restée sans réponse.
Lors de cette CAN, une image a retenu l’attention: après la qualification des Fennecs en finale, le 14 juillet, des dizaines de Marocains et d’Algériens en liesse se sont retrouvés des deux côtés de la longue frontière, munis de drapeaux, pour fêter la victoire par-delà la frontière fermée.