Il était fan de Donald Trump et en pleine dérive extrémiste quand il a envoyé des colis piégés à des personnalités démocrates ou opposées au président: Cesar Sayoc, qui avait fait monter la tension pendant la campagne législative américaine, doit plaider coupable jeudi à New York.
Cet homme de 57 ans, arrêté en Floride le 26 octobre dernier après une chasse à l’homme ultra-médiatisée, est attendu au tribunal fédéral de Manhattan à 16 heures (20h00 GMT). Il devrait se reconnaître coupable de certains des 30 chefs d’accusation retenus contre lui, sans qu’on sache précisément lesquels.
Les accusations sont toutes liées aux 16 colis piégés qu’il est accusé d’avoir expédiés fin octobre dernier à une douzaine de personnalités anti-Trump et à la chaîne CNN, depuis un bureau de poste de Floride.
Parmi les personnalités visées: le milliardaire et philanthrope George Soros, l’ex-secrétaire d’Etat Hillary Clinton, l’ex-président Barack Obama et l’ex-vice-président Joe Biden, l’acteur Robert de Niro…Et d’autres élus démocrates désormais candidats à la présidentielle 2020, comme Cory Booker et Kamala Harris.
Aucun des colis n’avait explosé ni même atteint leur destinataire, et leur dangerosité a été diversement évaluée.
Mais en visant spécifiquement les démocrates, Cesar Sayoc, alias Cesar Altieri, identifié par ses empreintes et son ADN retrouvés sur les colis, avait contribué à tendre le climat politique américain, en pleine campagne pour les élections de mi-mandat du 6 novembre.
Si les 30 chefs d’accusation lui faisaient risquer la perpétuité, en cas de condamnation à l’issue d’un procès, sa reconnaissance partielle de culpabilité attendue jeudi devrait lui valoir une peine plus clémente.
Sa sentence ne devrait cependant pas être prononcée avant plusieurs semaines.
– Un homme en colère –
En attendant de connaître son sort, beaucoup d’informations ont filtré sur son passé. Informations qui, ajoutées à celles qui ont émergé ensuite sur Robert Bowers, le tueur de la synagogue de Pittsburgh qui a abattu 11 personnes le 27 octobre – ont alimenté le débat sur la montée de l’extrémisme, la responsabilité des réseaux sociaux, et le rôle de Donald Trump dans la montée des tensions.
En rupture avec sa famille et en faillite financière, Cesar Sayoc vivait dans une camionnette couverte d’autocollants pro-Trump.
Son casier judiciaire s’alourdissait depuis 1991, enchaînant condamnations pour vol, fraude, violences, et une menace de faire exploser une bombe à l’encontre de son fournisseur d’électricité.
En 2016, cet ex-gérant d’un club de strip-tease, adepte de culturisme et d’arts martiaux mixtes, s’était découvert une passion pour Donald Trump, alors en pleine ascension politique.
Ses contributions sur les réseaux sociaux se politisent alors radicalement: il s’affiche avec sa casquette rouge au slogan « Make America Great Again », partage informations et images pro-Trump, et relaie des articles de sites ultra-conservateurs et complotistes.
« Il était très en colère contre le monde, les Noirs, les juifs, les gays », racontait après son arrestation Debra Gureghian, manager d’une pizzeria de Floride où M. Sayoc travailla quelques mois.
Cesar Sayoc expliquera-t-il son parcours au juge? Rien ne le garantit.
Ron Lowy, avocat qui le défendit en 2002 et resté proche de sa famille, le décrivait fin octobre sur la radio NPR comme un homme à « l’intellect limité », « comme un enfant dans un corps d’homme ».