Sorti à la mi-temps en plein naufrage de l’Argentine contre la Colombie (2-0), Angel Di Maria traîne une nouvelle fois son spleen sous le maillot Albiceleste, à l’approche de sa centième sélection.
Et encore, sa prestation de samedi face aux Cafeteros était si indigente qu’il pourrait quitter le Brésil avec son compteur bloqué à 98 rencontres internationales.
Dès le lendemain de la défaite, l’ailier parisien s’entraînait avec les remplaçants. Rodrigo de Paul, entré à sa place après la pause, est resté en salle de musculation avec les titulaires qui devraient jouer mercredi contre le Paraguay, à Belo Horizonte.
– « Un supplice » –
La presse argentine a tiré sur Di Maria à boulets rouges: « Angel sin asas » (l’ange sans ailes), titrait notamment le quotidien sportif Olé le soir du match.
« Si la vie de Lionel Messi avec la sélection argentine est faite de rendez-vous manqués, celle d’Angel Di Maria ressemble à un supplice », pouvait-on lire dans l’article.
Les statistiques sont sans équivoque: aucun tir, seulement 15 ballons touchés et dix passes.
Indigne d’un des principaux cadres de l’Argentine, censé déborder sans cesse sur son couloir gauche pour alimenter en bons ballons Messi ou Agüero.
Pour le journal Clarin, Di Maria « n’a pas attaqué », n’a « pas été productif » et est « passé inaperçu » à Salvador.
Sans le citer directement, le sélectionneur Lionel Scaloni s’est fendu d’un commentaire en signe de désaveu, en affirmant que « la seconde période a été digne de l’Argentine ». Justement celle pendant laquelle le Parisien était sur le banc.
Cela dit, les deux buts colombiens ont été marqués après la pause.
Le naufrage était collectif, mais les supporters étaient en droit d’en attendre plus d’un joueur de 31 ans aux trois Coupes du Monde jouées à son actif, dans une équipe qui semble en chantier permanent depuis des années.
– La lettre de la discorde –
Le revoilà aux abois au Brésil, où il avait déjà vécu son plus grand traumatisme en sélection, pour de toutes autres raisons.
Déjà de la partie en 2010, en Afrique du Sud, il aborde le Mondial-2014 à l’issue de sa meilleure saison en club, couronnée par le titre de Ligue des Champions avec le Real Madrid.
En terres brésiliennes, il avait été un des meilleurs Argentins du tournoi, avant de se blesser en quarts de finale.
Au tour précédent, l’ailier avait inscrit le but décisif contre la Suisse en prolongations, sur une passe de Messi.
Le staff Albiceleste espérait jusqu’au bout le voir participer à la finale contre l’Allemagne (défaite 1-0 après prolongation), mais il n’a pas pu être remis à temps.
À l’époque, certains médias argentins avaient même affirmé que Di Maria n’avait pas joué sur demande du Real Madrid, qui aurait envoyé une lettre réclamant de le préserver pour éviter d’aggraver sa blessure.
Le joueur a confirmé plus tard qu’il avait bien reçu la lettre en question, mais qu’il l’avait « déchirée sans la lire », assurant que la décision de ne pas l’aligner avait été prise par le sélectionneur Alejandro Sabella et non par son club.
« Cette finale que je n’ai pas jouée au Brésil continue à me hanter. Si on avait été champions, personne n’aurait rien dit. Mais comme on a perdu, ils ont insinué que je m’étais chié dessus », a-t-il révélé récemment au journal La Nacion.
– De frustration en frustration –
Après le Mondial brésilien, « El Fideo » sera finalement vendu à Manchester United, où il a connu une saison catastrophique avant de partir au Paris SG, en 2015.
Ses performances en dents de scie avec le club parisien ne l’ont pas empêché de garder la confiance des sélectionneurs argentins qui se sont succédé ces dernières années.
Lors du Mondial-2018 en Russie, il a redonné l’espoir à l’Argentine lors du huitième de finale contre la France, en égalisant d’une frappe lointaine en pleine lucarne, mais les Bleus ont fini par l’emporter 4-3.
En février, Di Maria avait montré un sacré sang-froid avec le PSG à Old Trafford: conspué par ses anciens supporters, il avait donné les deux passes décisives de la victoire 2-0 en huitième de finale aller de Ligue de Champions.
Avant de sombrer avec toute l’équipe au retour au Parc des Princes (3-1), une frustration de plus pour un joueur qui ne semble jamais s’être remis de ses déconvenues brésiliennes.