« Restez chez vous », « fermez tout »: les mots d’ordre pour éviter à tout prix les rassemblements et contacts favorisant l’épidémie de coronavirus se répandent partout dans le monde, face à une contagion planétaire rapide et à une situation effroyable en Italie.
De Wuhan (Chine) à la Bolivie, en passant par la France et par New York, c’est plus de 900 millions de personnes qui doivent rester à leur domicile pour éviter de contracter le virus qui a déjà contaminé plus de 300.000 personnes dans le monde, dont près de 13.000 ont perdu la vie.
Pays le plus touché, l’Italie connaît un scénario que redoutent tous les autres, avec dans certaines régions une contagion qui paraît hors de contrôle et une saturation des capacités de soins.
Samedi, où la pandémie a fait près de 800 morts en 24 heures, le Premier ministre Giuseppe Conte a annoncé dans la nuit l’arrêt de « toute activité de production sur le territoire qui ne serait strictement nécessaire ». Ne seront maintenus que les services publics et les secteurs économiques essentiels.
Ces mesures « sont sévères, je le sais. Mais nous n’avons pas d’alternative. On doit résister », a affirmé le chef de gouvernement. En un mois, 4.825 décès ont été enregistrés dont plus de 3.095 pour la seule Lombardie, la région de Milan, poumon économique.
A l’inverse, le président américain Donald Trump, sceptique quant aux mesures de confinement, veut stimuler l’activité économique. Il exhorte républicains et démocrates à s’accorder sur le contenu d’un plan de relance de 1.000 milliards de dollars.
« Nous préparons des mesures comme personne n’en a jamais vu », a-t-il déclaré à la Maison Blanche, à moins de huit mois de l’élection présidentielle.
Il peut compter sur l’appui de son vice-président, Mike Pence, dont le test s’est finalement révélé négatif.
– Deuxième vague en Asie –
De plus en plus d’Etats fédérés passent à des mesures contraignantes, qui vont freiner la première économie mondiale. Les deux plus peuplés, Californie et New York ont fermé tout commerce non essentiel et confiné leur population.
A son tour, l’Amérique latine passe progressivement au confinement: après le Venezuela, dès le 17 mars, et l’Argentine confinée depuis vendredi, le Salvador samedi, la Bolivie est entrée en quarantaine obligatoire dimanche, suivie à partir de mardi par la Colombie.
Le Brésil, avec ses 210 millions d’habitants, est le pays de la région le plus touché (1.128 cas, dont 18 décès). Bien que le président d’extrême-droite Jair Bolsonaro n’ait eu de cesse de minimiser l’épidémie et de dénoncer l' »hystérie » autour du Covid-19, les gouverneurs des deux Etats les plus touchés, Sao Paulo et Rio de Janeiro, ont pris eux-mêmes l’initiative de mesures de restrictions.
L’Asie, où le nombre de cas a dépassé les 95.000, est-elle frappée par une deuxième vague de contamination? Alors que le nombre de personnes porteuses du Covid-19 en Chine n’a cessé de baisser ces dernières semaines, d’autres pays voient les bilans s’alourdir.
En Thaïlande, qui a recensé dimanche 188 nouveaux cas, la plus forte augmentation quotidienne depuis le début de la pandémie, des voix s’élèvent pour demander un confinement total de Bangkok, mégalopole de plus de 10 millions d’habitants et épicentre de la crise.
Des millions d’Indiens ont été soumis dimanche à un couvre-feu national à titre expérimental dans ce pays d’1,3 milliard d’habitants où 320 cas ont été recensés, un chiffre qui serait largement sous-estimé.
Quoique durement atteint avec près de 1.700 morts, l’Iran tarde en revanche à confiner sa population. Samedi, le président Hassan Rohani a appelé à la fermeture « des centres commerciaux où un nombre important des gens se regroupent ».
Dans certains endroits, la « distanciation sociale » tient cependant de l’utopie. Dans la bande de Gaza, très densément peuplée, le coronavirus a fait son entrée, a annoncé le ministère de la Santé de l’enclave palestinienne, précisant toutefois que les deux malades détectés à la frontière avec l’Egypte avaient été immédiatement placés en quarantaine.
– « Priez chez vous » –
Même les autorités religieuses prennent la part qui leur revient: de Tunis à Téhéran en passant par Jérusalem, elles ont appelé les fidèles à prier chez eux, beaucoup de lieux de culte ayant été fermés pour enrayer la propagation de l’épidémie.
Une image qui restera: l’esplanade entourant la Kaaba, lieu le plus saint de l’islam, situé au coeur de la Grande mosquée de La Mecque en Arabie saoudite, est désormais complètement vide.
Sur les bords du Golfe, les plages se vident peu à peu, comme aux Emirats par exemple, qui ont décrété « la fermeture des plages, des parcs, des piscines, des cinémas et des salles de sport ».
Les campagnes se montrent réticentes pour accueillir de riches urbains potentiellement contaminés. En Angleterre, l’office de tourisme des Cornouailles, région faiblement peuplée hors saison estivale, a demandé aux visiteurs de « reporter leur voyage ».
A Sydney (Australie), après une journée animée samedi sur la célèbre plage de Bondi Beach, l’accès en était interdit dimanche.
Conséquence du confinement, on respire un peu mieux sur la planète. Sachant que la pollution atmosphérique provoque 8,8 millions de décès prématurés par an dans le monde, c’est une bonne nouvelle.
En février, les images satellite de la Nasa montraient une baisse drastique de la concentration de dioxyde d’azote (NO2), produit principalement par les véhicules et les centrales thermiques, à Wuhan, l’épicentre de l’épidémie du Cov19 en Chine.
Le phénomène a été observé début mars dans le nord de l’Italie, mais aussi à Madrid et Barcelone.