Des milliers de manifestants ont réclamé mercredi la démission du gouverneur de Porto Rico, Ricardo Rossello, qui fait l’objet d’accusations de corruption et doit s’expliquer sur des messages sexistes et homophobes visant notamment le chanteur Ricky Martin.
Une vive polémique agite l’île des Caraïbes depuis que le Centre de journalisme d’investigation a révélé la semaine passée le contenu de conversations de groupe sur la messagerie Telegram entre le gouverneur Ricardo Rossello et une douzaine d’autres hauts responsables locaux.
Selon des extraits publiés par le journal local El Nuevo Dia, ces hommes y échangent blagues misogynes et commentaires homophobes.
« Ricky Martin est tellement macho qu’il couche avec des hommes parce que les femmes ne sont pas à la hauteur », a notamment écrit le responsable des finances du territoire américain, Christian Sobrino, qui a présenté samedi sa démission.
Ricardo Rossello a jusqu’ici refusé de se retirer.
Aux chants de « Ricky, renuncia! » (« Ricky, démissionne! ») une foule nombreuse s’est rassemblée mercredi à San Juan, la capitale de ce territoire associé aux Etats-Unis.
Ricky Martin et d’autres personnalités portoricaines comme le rappeur Bad Bunny ont sévèrement critiqué Ricardo Rossello et ont appelé à se joindre aux manifestations.
« Pas seulement moi, mais beaucoup de Portoricains vont descendre dans la rue pour dire ce qui est juste », a déclaré mercredi Bad Bunny à la chaîne de télévision hispanophone Telemundo.
Des incidents ont éclaté vers minuit quand un groupe de manifestants a pénétré dans le périmètre de sécurité, lançant notamment des pierres et des coktails Molotov sur les forces de l’ordre, a indiqué la police.
« Nous avons dû utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser les personnes qui manifestaient violemment », a déclaré le porte-parole de la police, Axel Valencia, ajoutant que cinq personnes ont été arrêtées.
Une manifestation avait déjà eu lieu lundi dernier. La police avait usé de gaz lacrymogènes après qu’un feu se soit déclaré près du siège du gouvernement. Cinq personnes avaient été interpellées.
« Ce groupe de discussion servait à évacuer la tension de journées de travail de 18 heures », s’est justifié le gouverneur de 40 ans. « Mais évidemment, rien ne justifie les mots qui ont été écrits ».
Le Centre de journalisme d’investigation avait publié 889 pages de messages textes ou de messages cryptés échangés sur Telegram et contenant également des propos insultants et calomnieux sur d’autres responsables politiques et des journalistes.
Les manifestants ont également exprimé leur colère après la mise en cause de personnalités de l’entourage du gouverneur pour corruption. Ils lui reprochent aussi sa gestion des conséquences de l’ouragan Maria qui avait fait 3.000 morts en 2017 et ravagé l’île.