Emmanuel Macron, Theresa May, Donald Trump et Justin Trudeau commémorent jeudi le Débarquement allié du 6 juin 1944, dans un contexte diplomatique délicat où chacun guettera les réactions de l’imprévisible président américain.
« Une grande et magnifique journée! », a tweeté Donald Trump depuis l’Irlande avant de s’envoler à bord d’Air Force One pour rejoindre Caen, où il a atterri peu avant 08H30 GMT, puis le cimetière américain d’Omaha Beach, dans la comune normande de Colleville-sur-Mer, où sont attendues 12.000 personnes.
Sous un ciel bleu éclatant, les ultimes préparatifs étaient en cours sur ce site majestueux en surplomb de la falaise qui compte 9.387 croix ou étoiles de David blanches, parfaitement alignées sur un gazon vert qui s’étend à perte de vue.
« Il y a 75 ans jour pour jour, sur ces côtes, sur ces falaises, 10.000 hommes ont versé leur sang et des milliers ont sacrifié leur vie pour leurs frères, leur pays, et pour la survie de la liberté », devait déclarer M. Trump dans un discours dont la Maison Blanche a diffusé des extraits à l’avance.
Plus tôt dans la journée, le président français et la Première ministre britannique ont lancé cette grande journée de commémoration en posant la première pierre d’un monument dédié au souvenir des militaires britanniques du Jour J, à Ver-sur-Mer.
S’exprimant brièvement en anglais, le président français a réaffirmé la solidité « des liens singuliers » entre la France et le Royaume-Uni, malgré la perspective du Brexit.
« Whatever it takes, we will always stand together because it’s our common destiny » (« Quoiqu’il arrive, nous serons toujours côte à côte parce que c’est notre destin commun »), a-t-il déclaré.
– « Courage » et « dévouement » –
Mme May n’a fait aucune allusion à son départ prochain de son poste dans son discours, par lequel elle a salué le « courage » et le « dévouement » des 156.000 hommes, dont 83.000 du Royaume-Uni et du Commonwealth, ayant débarqué en Normandie le « D-Day ».
Le président français retrouvera ensuite Donald Trump à 11H30 GMT pour un entretien et un déjeuner. Donald Trump sera scruté avec attention, sur fond de remise en cause profonde par le président américain du multilatéralisme.
La ministre des Armées française Florence Parly a affirmé jeudi matin que « la relation franco-américaine est extrêmement forte ». « Il faut arriver à faire la part des choses avec ce qui relève des difficultés normales, qui sont plus ou moins aiguës selon les périodes, entre deux partenaires et alliés de toujours ».
Avec les États-Unis, a-t-elle poursuivi, « nous faisons partie de la même coalition internationale qui est menée par les Américains dans la lutte anti-terroriste ».
Mais les sorties de Donald Trump, parfois intempestives, peuvent jeter le trouble dans cette unité affichée.
Le 13 novembre, à peine rentré de Paris, où il avait célébré la paix avec d’autres dirigeants du monde pour le centenaire de l’armistice de la Première guerre mondiale, Donald Trump s’était vivement attaqué à son homologue français.
Les Français « commençaient à apprendre l’allemand à Paris avant que les États-Unis n’arrivent », avait affirmé le président américain, en référence à l’occupation de la France par l’Allemagne nazie à partir de 1940 jusqu’à la Libération par les Alliés.
Justin Trudeau participera pour sa part à une cérémonie avec le Premier ministre français Edouard Philippe.
Les dirigeants des pays alliés de la seconde guerre mondiale (sans Vladimir Poutine, absent pour toute la séquence) avaient lancé mercredi, en présence dela reine Elizabeth II le coup d’envoi des célébrations de ce 75e anniversaire.
Les 16 pays représentés ont adopté une « Déclaration » pour « faire en sorte que les sacrifices du passé ne soient jamais vains et jamais oubliés ». Leurs représentants ont assisté mercredi soir au départ en bateau de 300 vétérans britanniques pour la France.
Côté normand, la journée de mercredi avait été marquée par des parachutages, une cérémonie amérindienne à Omaha Beach et le rassemblement de dizaines de milliers de collectionneurs de véhicules militaires qui sillonnaient les routes proches des plages du Débarquement.
« On a vu des vétérans de plus de 90 ans, c’est toujours très émouvant de les voir mais il y a aussi beaucoup de jeunes: l’Histoire continue de se transmettre », assuraient mercredi Oliver Haugen, 44 ans, et Ariel Davis, un couple franco-américain en visite au Mémorial de Caen.
De cinq à six millions de touristes sont attendus en 2019 sur les sites historiques normands.
Étape clé de la libération de l’Europe du joug nazi, ce débarquement est le plus important de l’Histoire par le nombre de navires engagés: 6.939 navires ont débarqué 132.700 hommes sur les plages de Normandie.
Près de 3.000 civils normands ont perdu la vie les 6 et 7 juin, soit presque autant que de militaires alliés le Jour J.