Comment concilier réduction de l’empreinte écologique et grande compétition polluante? Copenhague, désireuse d’atteindre la neutralité carbone en 2025, vit une situation « paradoxale » comme ville hôte de l’Euro-2020 mais promet d’y remédier par des efforts accrus et un rôle de vitrine des bonnes pratiques environnementales.
« Évidemment, quand vous invitez du monde, cela a un effet sur l’environnement et votre empreinte carbone, donc c’est forcément paradoxal mais on va tout faire pour limiter les inconvénients » environnementaux, assure à l’AFP le maire de Copenhague, le social-démocrate Frank Jensen, aux commandes de la ville depuis 2010.
Pour cela, la métropole danoise, désignée capitale verte européenne en 2014, assure avoir tout prévu: gobelets recyclés et nourriture bio dans la fan-zone, meilleure gestion des déchets, limitation du plastique à usage unique, usage de gourdes, accès facilité à l’eau du robinet…
En outre, avec la promesse de l’UEFA de faire planter 50.000 arbres dans chacun des 12 pays hôtes pour compenser la pollution générée par l’événement, Copenhague se targue de limiter l’impact environnemental des quatre matches de l’Euro organisés sur son sol.
Mais tout n’est pas vert: pour Jens Peter Mortensen, de l’Association de conservation de la nature, les efforts doivent porter notamment dans le domaine de la restauration.
« Ils doivent absolument s’améliorer pour empêcher que le plastique à usage unique se répande », dit-il, énumérant une liste de recommandations, de la consigne à la boîte-repas réutilisable.
– « On ne voit rien à redire » –
L’organisation même de l’événement n’est pas contestée dans la capitale danoise, d’autant que l’équipe nationale va recevoir à domicile ses matches du groupe B contre la Finlande, la Belgique et la Russie.
« Cela aurait peut-être été différent si l’équipe du Danemark n’avait pas été qualifiée, mais là, on ne voit rien à redire », confie un dirigeant d’une ONG environnementale.
Dans le royaume nordique de 5 millions d’habitants, qui compte quelque 300.000 licenciés, le foot est fédérateur.
« Ce n’est pas honnête de dire que les matches de l’Euro vont avoir un impact supplémentaire car il y aurait eu de toute façon des événements dans le stade », comme par exemple des concerts, souligne M. Mortensen.
A Copenhague, pas besoin de bâtir quoi que ce soit pour accueillir joueurs et fans, la ville a déjà des infrastructures adaptées: un stade de 38.000 personnes et un métro flambant neuf. Cette absence de grands chantiers permet de réduire la facture énergétique et l’empreinte carbone de l’événement — que ni la mairie ni la fédération n’ont officiellement évaluées.
« L’empreinte à Copenhague s’explique par différents facteurs qui ne seront pas totalement connus avant la fin du tournoi – à savoir le nombre de touristes, de supporters, d’officiels, etc. », avance Mia Kjaergaard, porte-parole pour l’Euro de la fédération danoise de football (DBU).
Interrogée par l’AFP, la mairie botte également en touche: elle laisse le soin à l’UEFA le soin de mesurer cet impact.
– Sensibiliser les visiteurs –
Pour Greenpeace Danemark, il faut avant tout responsabiliser les dirigeants. « Nous ne pouvons qu’appeler les organisateurs à faire de leur mieux pour montrer que Copenhague peut être à la hauteur de sa bonne réputation verte », dit le secrétaire-général de l’ONG, Mads Flarup Christensen.
La ville aura des exigences, estime pour sa part Maria Figueroa, professeur à l’Ecole de Commerce de Copenhague et membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), mais restera raisonnable.
Les élus ne veut « pas en demander trop, sinon ils ne pourront plus organiser d’événements », résume-t-elle.
Dans la capitale du royaume scandinave, menacée par la montée des eaux, 40% des déplacements se font à vélo et le respect de l’environnement est bien ancré, avec par exemple le rattachement de 99% des bâtiments de Copenhague au réseau de chauffage urbain.
Des catastrophes naturelles sont aussi venues sensibiliser la ville aux pratiques vertes: en 2011, des pluies torrentielles avaient inondé certains quartiers. Facture totale: plus d’un milliard d’euros, rappelle le maire Frank Jensen.
Il faut voir l’organisation de l’Euro « comme une opportunité » pour Copenhague, résume Maria Figueroa, une occasion pour la ville de se montrer prosélyte: « Copenhague peut montrer de nouvelles manières d’accueillir des événements. »
Selon elle, cet apprentissage passera par la sensibilisation des visiteurs. « Quand vous participez ici à un événement, vous avez besoin de manger, d’être logé, transporté et dans chacun de ses secteurs, il y a des possibilités de montrer comment la durabilité peut faire partie de votre vie », conclut la chercheuse.