Le parlement hongrois a voté mardi une loi réformant l’organisation de l’Académie hongroise des sciences (MTA) contre laquelle les chercheurs bataillent depuis plus d’un an de crainte d’une reprise en main de la recherche scientifique par le gouvernement de Viktor Orban.
Le texte, approuvé par une large majorité des 199 parlementaires hongrois, va donner au gouvernement le contrôle des nombreux instituts de recherche dépendant de l’Académie, le plus ancien et le plus important organisme scientifique de Hongrie, fondé en 1825.
Depuis l’annonce de cette réforme prévue dans le cadre du troisième mandat consécutif du souverainiste Viktor Orban, réélu en 2018, les chercheurs sont vent debout contre la nouvelle organisation qui, selon eux, menace la liberté scientifique.
La loi crée un conseil composé de membres nommés par le pouvoir et chargé de la gestion des financements du MTA mais aussi de ses actifs immobiliers et d’une partie de son administration.
Cette réforme va « contre les principes européens du financement de la recherche et menace les libertés académiques », avait récemment déploré Laszlo Lovasz, le président du MTA.
Il craint que la nouvelle loi ne devienne « un exemple inquiétant qui pourrait être suivi par d’autres gouvernements de l’UE désireux d’exercer une influence sur les chercheurs ».
Une nouvelle manifestation des opposants à la réforme est prévue pour mardi après-midi.
L’Académie des sciences compte 5.000 salariés, dont 3.000 chercheurs, et couvre tous les domaines de la recherche.
En mettant en place l’an dernier un nouveau ministère de l’Innovation et de la Technologie chargé de superviser le MTA, le gouvernement de Viktor Orban avait expliqué vouloir dépoussiérer une institution considérée comme un vestige de l’ère communiste pour la réorienter vers des projets « innovants ».
Le nouveau cadre scientifique produira « plus de chercheurs contribuant efficacement à l’économie hongroise », a assuré le ministère pendant les débats au parlement.
Viktor Orban a profondément remodelé les institutions publiques au fil de ses deux mandats, notamment dans les domaines de la justice, de l’éducation, des médias, se voyant reprocher des atteintes à l’équilibre des pouvoirs.