Le président iranien Hassan Rohani a proclamé lundi que le « complot » américain contre la République islamique était voué à l’échec, pour le 40e anniversaire de la Révolution, célébré par une foule monstre dans le centre de Téhéran.
Dès 08H30 (05h00 GMT), les habitants de la capitale avaient commencé à converger vers la place Azadi (« Liberté »), où M. Rohani s’est adressé à la foule en fin de matinée, sous une pluie battante -perçue comme une bénédiction dans un pays aussi aride.
« La présence du peuple aujourd’hui dans les rues de toute la République islamique d’Iran (…) signifie que l’ennemi n’atteindra jamais ses objectifs démoniaques », a déclaré M. Rohani, après avoir dénoncé un « complot » des États-Unis, des « sionistes » et des États « réactionnaires » du Moyen-Orient contre son pays.
Défilant devant des stands tenus par des institutions étatiques ou paragouvernementales et offrant du thé ou des gâteaux, la foule de tous âges n’a cessé de grossir tout au long de la matinée, selon des journalistes de l’AFP.
Jour férié, le 22 bahman du calendrier iranien commémore le renversement du régime impérial du chah Mohammad Réza Pahlavi, le 11 février 1979, dix jours après le retour d’exil triomphal de l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, père fondateur de la République islamique.
Femmes en tchadors, jeunes enfants coiffés d’un bonnet et ballon de baudruche à la main, hommes en tenues sombres, bassidjis (miliciens islamiques) en treillis et clercs enturbannés ont défilé tandis qu’un hélicoptère passait dans le ciel gris.
Sur une voie de bus, deux répliques de missiles balistiques, de fabrication locale, sont exposées; un peu plus loin, ce sont des maquettes grandeurs nature de missiles de croisière qui sont présentées au public.
– « Mort à l’Amérique » –
La foule agite de nombreux drapeaux vert, blanc et rouge, les couleurs nationales, qui pavoisent aussi la tour Azadi, monument emblématique de Téhéran qui avait été inauguré en 1971 par le dernier chah à l’occasion des fêtes marquant le 2.500e anniversaire de l’Empire perse.
Au milieu des parapluies sont brandies des milliers de bannières, pancartes ou portraits du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, ou du fondateur de la République islamique, l’ayatollah Ali Khomeiny.
« Mort à l’Amérique », « A bas l’Angleterre », « Mort à Israël », « Nous piétinerons les États-Unis », « 40 ans de défis, 40 années de défaites pour les États-Unis », « Israël ne vivra pas 25 ans de plus », pouvait-on lire sur certaines.
Le quarantième anniversaire de la Révolution suit un rituel bien établi: comme les années précédentes, les festivités de la place Azadi (« Liberté » en persan) doivent inclure un lâcher de ballons, un lâcher de fleurs par hélicoptère, des chorales, un atterrissage de parachutistes, des prières, harangues et slogans révolutionnaires, selon le programme officiel.
Diffusant des images de foules rassemblées à Téhéran et dans de nombreuses villes iraniennes, la télévision d’État a mis en garde contre la désinformation de « certains médias étrangers hostiles » soupçonnés de vouloir ternir l’anniversaire en minimisant les chiffres de la mobilisation populaire.
Le seuil des 40 ans -synonyme de maturité- est particulièrement symbolique dans le monde musulman: c’est l’âge auquel, selon la tradition, Mahomet a reçu la révélation divine et commencé à transmettre le coran.
– « Bâtons dans les roues » –
Pour l’Iran, ce 40e anniversaire survient dans une période de difficultés économiques et de tensions renouvelées avec les États-Unis.
Les retombées commerciales et financières espérées de l’accord sur le nucléaire signé en 2015 avec la communauté internationale ne se sont guère concrétisées, et le pays souffre du rétablissement des sanctions américaines consécutif au retrait unilatéral des États-Unis de ce pacte en 2018.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), l’économie iranienne est entrée en récession en 2018 et le PIB du pays devrait chuter de 3,6% en 2019.
Le retrait américain de l’accord nucléaire et la politique ouvertement hostile de l’Amérique du président Donald Trump ont suscité un regain de tension avec Washington, où certains responsables n’hésitent pas à appeler de leur vœux un « changement de régime ».
« Nous sommes ici pour soutenir la République islamique », a dit à l’AFP un retraité du service public. « Il y a des problèmes aujourd’hui, nous sommes comme un cycliste à qui l’on mettrait des bâtons dans les roues ».
« A part ça, jure-t-il, pour le 40e anniversaire de la Révolution, nous sommes à la pointe dans tous les domaines scientifiques, comme les nanotechnologies ou les missiles de précision. »