La demande de cinq députés italiens de bénéficier d’un « Bonus Covid » de 600 euros mensuels, institué en théorie pour des personnes en grande difficulté financière, suscitait lundi une vive polémique en Italie et un tollé au sein de sa classe politique.
Des indiscrétions parlementaires, révélées dimanche par le quotidien La Repubblica puis reprises lundi par la presse italienne, pointent du doigt cinq députés « voleurs » anonymes, qui seraient issus des rangs de la Ligue (extrême droite), du Mouvement Cinq étoiles (au pouvoir) et du parti Italia Viva (parti dissident du Parti démocrate).
Les journaux affirment en outre que quelque 2.000 autres responsables politiques, dont des maires et des conseillers communaux ou régionaux, auraient également fait la demande.
Cette aide, prévue sans limite de revenus dans deux décrets gouvernementaux, était d’un montant de 600 euros pour les mois de mars et avril, puis de 1.000 euros au titre du mois de mai. Elle s’adresse par exemple à des activités soumises à la TVA, à des travailleurs indépendants, à des saisonniers, affectés par la pandémie du coronavirus.
Des vérifications sur les demandeurs faites par un organisme antifraude gouvernemental ont conclu que cinq députés auraient bénéficié d’un bonus de 600 euros, selon la presse italienne. Au total 6,9 milliards d’euros de « Bonus Covid » ont été distribués aux Italiens durant ces trois mois.
« C’est honteux, vraiment indécent », a réagi le ministre italien des Affaires étrangères Luigi di Maio (Mouvement Cinq étoiles) sur les réseaux sociaux. « Il faut qu’ils présentent des excuses aux Italiens, restituent l’aide et démissionnent », a-t-il asséné, à l’instar du président de la chambre des députés Roberto Fico, de la même formation.
« Qui qu’ils soient, ils doivent être suspendus immédiatement », a lancé le chef de la Ligue, Matteo Salvini, en s’érigeant également comme un défenseur de la moralité en politique, a rapporté l’agence de presse Agi.
Le parti Italia Viva a assuré de son côté qu’aucun de ses députés n’avaient demandé une telle prime.
Les députés italiens touchent près de 13.000 euros nets mensuels, entre indemnité (plus de 5.000 euros), remboursements de frais et emploi de collaborateurs.
Aucun député concerné ne s’est manifesté publiquement, mais une conseillère municipale de Milan (nord) s’est dénoncée sur les réseaux sociaux, expliquant « ne pas vivre de la politique » et être travailleuse indépendante.
« J’ai reçu le Bonus Covid. Aurais-je dû y renoncer? », s’est justifiée Anita Pirovano, critiquant toutefois l’absence d’un plafonnement de revenus pour toucher cette aide.
L’affaire est aussi l’occasion pour l’opposition de vivement critiquer le saupoudrage d’une grande quantité d’aides par le gouvernement.
Pour le député Renato Brunetta, chargé des questions économiques pour Forza Italia (centre-droit), il s’agit « d’assistanat qui ne se soucie pas de faire repartir le pays » avec des investissements stratégiques.
« Je doute que l’Europe puisse donner à notre pays 209 milliards d’euros quand un gouvernement jette l’argent par les fenêtres », a-t-il attaqué.