Un tribunal kényan a ajouté jeudi des poursuites pour « torture » et « cruauté » sur enfants à celles de « terrorisme » et d' »homicides involontaires » déjà engagées contre le pasteur Paul Nthenge Mackenzie, après la mort de 429 adeptes de sa secte évangélique.
Un tribunal statuera le 6 février sur d’éventuelles poursuites supplémentaires pour « assassinats » dans le cadre de cette affaire qui a choqué le Kenya, pays religieux majoritairement chrétien d’Afrique de l’Est.
Lors d’une audition jeudi devant un tribunal de la ville de Mombasa (sud-est), Paul Nthenge Mackenzie a répondu « non coupable » à l’énoncé des accusations de « soumission d’un enfant à la torture », « cruauté sur enfant », « violation du droit d’un enfant à l’éducation » et « agression causant des blessures corporelles ».
Trente-huit autres personnes sont également poursuivies pour un ou plusieurs de ces chefs d’accusations.
Le pasteur avait déjà plaidé non coupable des accusations de « facilitation de la commission d’un acte terroriste », « possession d’un article en lien avec une infraction à la loi sur la prévention du terrorisme », « participation à une activité criminelle organisée » et « radicalisation » formellement prononcées le 18 janvier, et celles d' »homicide involontaire » le 23 janvier.
L’affaire a été divisée entre quatre tribunaux, trois à Mombasa et un dans la ville de Malindi.
Chauffeur de taxi avant de se proclamer pasteur, Paul Nthenge Mackenzie est en détention depuis le 14 avril, au lendemain de la découverte des premières victimes dans la forêt de Shakahola, où se réunissait « l’Eglise internationale de Bonne Nouvelle » qu’il a créée en 2010.
Il prônait à ses adeptes de jeûner jusqu’à la mort pour « rencontrer Jésus » avant la fin du monde qu’il prévoyait pour août 2023.
Les recherches menées dans cette vaste zone de « bush » de la côte kényane ont permis d’exhumer 429 corps, certains enterrés depuis plusieurs années.
Les autopsies ont révélé que la majorité des victimes sont mortes de faim. Certaines, dont des enfants, ont été étranglées, battues ou étouffées.
La révélation de ce scandale a placé les autorités kényanes sous le feu des critiques pour ne pas avoir empêché les agissements du pasteur, pourtant arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes prônant, outre le jeûne extrême, le refus du système éducatif traditionnel qu’il disait non conforme à la Bible.
Dans un rapport publié en octobre, une commission sénatoriale a pointé des « défaillances » de la justice et de la police, alertées en 2017 et 2019.
En juillet, le ministre de l’Intérieur Kithure Kindiki a estimé que « le massacre de Shakahola (était) la pire faille de sécurité de l’histoire » du Kenya.