Après deux mois et demi de manifestations des « gilets jaunes », souvent émaillées de violences, les députés français se prononcent mardi sur une loi « anticasseurs » qui fait débat dans les rangs même de la majorité.
Déjà approuvé par les sénateurs en octobre, le texte doit faire l’objet d’un vote solennel en fin d’après-midi à l’Assemblée nationale en première lecture.
Outre les interdictions de manifester pouvant être prises par les préfets, sous peine de six mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende en cas d’infraction, la loi prévoit également la possibilité de fouilles au corps pour trouver d’éventuelles armes – ou objets pouvant servir d’armes par destination – et le principe du « casseur-payeur ».
La proposition de loi retournera ensuite au Sénat dès le 12 mars pour une deuxième lecture, le gouvernement souhaitant une adoption définitive rapide dans le contexte des manifestations récurrentes du mouvement social des « gilets jaunes » qui jettent tous les samedis depuis la mi-novembre des dizaines de milliers de personnes dans les rues.
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, critiqué pour sa gestion des cortèges et la répression policière qui l’accompagne, affirme cependant que ce « n’est pas une loi de circonstance » ni « liberticide », mais « une loi de protection », « une loi de liberté » face à « quelques brutes (qui) mettent en péril notre droit à manifester ».
L’ensemble de la gauche est farouchement contre le texte, dénonçant une « dérive autoritaire ». Les élus du Rassemblement national (ex-Front national) ne devraient pas non plus voter un texte portant une « volonté de réduire les libertés publiques ».
La droite devrait en revanche se prononcer pour cette proposition de loi.
Mais les débats restent particulièrement vifs au sein de la majorité présidentielle des députés « en Marche » (LREM): l’interdiction administrative de manifester en particulier heurte nombre d’entre eux. Une vingtaine au moins ont prévu de s’abstenir – à défaut de voter contre, ce qui signifierait automatiquement leur exclusion selon la règle du groupe.