Les autorités zambiennes ont décidé d’introduire une taxe sur les appels téléphoniques passés depuis internet. Une décision prise, selon le gouvernement zambien, pour protéger les entreprises de télécommunication classiques. Mais l’annonce passe mal au sein de la population et plusieurs voix s’élèvent déjà pour critiquer cette mesure.
Le projet du gouvernement zambien prévoit une taxe d’environ trois centimes d’euros, prélevée quotidiennement sur les appels téléphoniques via internet.
Pour justifier cette décision, la porte-parole du gouvernement, Dora Siliya, pointe du doigt l’augmentation du nombre d’appels par internet au détriment des appels téléphoniques traditionnels. Selon elle, les services de téléphonie en ligne tels que Skype, Whatsapp ou Viber, menacent l’industrie des télécommunications et l’emploi chez les opérateurs téléphoniques installés en Zambie.
De nombreux militants de la société civile zambienne, considèrent qu’il s’agit d’une restriction de liberté. C’est le cas de Richard Mulonga, le responsable de l’ONG Bloggers, qui dénonce une attaque délibérée contre la liberté d’expression et d’association. Le leader de l’opposition, Hackainde Hichilema, a également réagi et qualifie cette nouvelle taxe de « vol en plein jour ».
Justification économique
Des accusations rejetées par le ministre zambien des Communications. Ce dernier affirme que cette taxe ne concerne qu’une petite partie de la population. Selon lui, il y a trois types d’acteurs sur le marché des applications mobiles et tous ne tirent pas de bénéfices, explique Brian Mushimba.
« Premièrement, vous-même. Vous passez ces appels via internet à un coût très peu cher. Il y a une application pour vous y aider. Et cette application que vous avez téléchargé gratuitement sur votre téléphone vous rend ce service parce que l’entreprise qui l’a créée vend vos données. Le troisième acteur est le gouvernement avec les compagnies de télécommunications dans le pays. Ils investissent massivement dans les infrastructures : fibre optique, haut débit, antennes, pour rendre ces appels possibles. Et ils sont seuls à assumer les coûts. Vous nous utilisez comme une courroie de transmission et vous ne payez rien aux autorités tout en utilisant nos infrastructures construites grâce à d’énormes investissements. Les entreprises de l’internet doivent s’asseoir à la table alors que nous commençons à évoquer le déploiement de la 4G. Donc nous pouvons le faire ensemble, car elles en bénéficient. »
Selon une étude locale de la ZICTA, qui est l’Autorité des technologies de la communication, 80% des Zambiens préfèrent appeler depuis internet. La taxe pourrait rapporter prêt de 22 millions de dollars aux caisses de l’Etat. Ce projet de loi deviendra réalité d’ici 30 à 45 jours d’après le ministre.