« Il est particulièrement important » que l’Iran, pays le plus touché par le Covid-19 dans la région, libère ses détenus politiques au moment où le coronavirus circule dans ses prisons, a jugé l’ONU mardi.
Dans un communiqué, la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a relevé que la plupart des personnes qui ont été détenues arbitrairement en Iran – dont les binationaux, les ressortissants étrangers, les défenseurs des droits humains, les avocats, les écologistes et d’autres prisonniers d’opinion – ont été exclues des directives sur les libérations temporaires.
« Les personnes détenues uniquement en raison de leurs opinions politiques ou pour d’autres formes d’activisme en faveur des droits de l’Homme ne devraient pas être emprisonnées du tout, et ces prisonniers ne devraient certainement pas être traités plus sévèrement ou exposés à un plus grand risque », a souligné Mme Bachelet.
Dans un pays où le système pénitentiaire souffre « d’un surpeuplement chronique et de mauvaises conditions sanitaires », ces personnes ont été exposées à un risque accru de contracter le coronavirus.
Mme Bachelet s’est dite « troublée de voir comment les mesures destinées à atténuer la propagation du Covid-19 ont été utilisées de manière discriminatoire contre ce groupe spécifique de prisonniers ».
« J’appelle à la libération inconditionnelle des défenseurs des droits de l’homme, des avocats, des prisonniers politiques, des manifestants pacifiques et de toutes les autres personnes privées de leur liberté pour avoir exprimé leurs opinions ou exercé leurs droits de toute autre manière », a-t-elle demandé.
« Il est particulièrement important de rectifier de telles injustices au moment où le Covid-19 circule dans les prisons iraniennes », a-t-elle ajouté.
Selon l’ONU, les pénuries d’eau, de produits d’hygiène et de désinfectant, l’insuffisance des équipements de protection et des kits de dépistage ainsi que des soins médicaux inadéquats et le manque d’espaces d’isolement ont entraîné la propagation du virus parmi les détenus en Iran, causant un grand nombre de décès.
Mme Bachelet s’est dite particulièrement inquiète du cas emblématique de l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, qui, pour des problèmes de santé, a mis fin fin septembre à une grève de la faim de plus de 45 jours pour dénoncer les conditions d’incarcération des prisonniers politiques.
« Je suis très inquiète de savoir que la vie de Nasrin Sotoudeh est en danger », a-t-elle pointé, exhortant les autorités à la libérer « immédiatement » et à lui accorder la possibilité de se rétablir chez elle avant de suivre le traitement médical de son choix.