Le conservateur Alejandro Giammattei, élu dimanche à la présidence du Guatemala, a indiqué ne « pas vouloir la confrontation » avec le président américain Donald Trump mais exigé du « respect ».
Le président élu, qui convient avoir « un fort caractère », a annoncé qu’il va « être respectueux » dans ses relations avec Donald Trump. Mais il exige de la « réciprocité » de la part de son homologue américain.
« Toute la diplomatie se résume à la réciprocité. S’il me respecte, je le respecte. S’il me traite bien, je le traite bien. S’il me traite mal, je le traite mal », a-t-il averti.
Sans critiquer frontalement le pacte migratoire controversé conclu fin juillet avec Washington par le gouvernement du président sortant Jimmy Morales, M. Giammattei a annoncé que le texte devra être soumis à l’approbation des parlementaires guatémaltèques.
– Accord humiliant –
Cet accord humiliant, imposé par Donald Trump sous la menace de représailles économiques, dans l’opacité et dont les termes restent flous, a soulevé un tollé au Guatemala.
Selon la Maison Blanche, le petit pays d’Amérique centrale serait dorénavant considéré comme un « pays tiers sûr » auprès duquel les demandeurs d’asile devront effectuer leurs premières démarches.
Pour nombre de responsables d’ONG, le Guatemala ne peut recevoir les migrants en route pour les Etats-Unis alors qu’il n’arrive même pas à subvenir aux besoins de sa propre population.
Pour le président élu du Guatemala, la problématique migratoire n’est pas nouvelle, mais « elle a été grossie car c’est devenu un thème de campagne politique aux Etats-Unis ».
« Je comprends la position du président Trump » dans la perspective de la campagne pour sa réélection, a concédé M. Giammattei. « Il veut affirmer son image de l’homme qui respecte ses promesses. C’est bien. Je le comprends, je comprends le président Trump », a-t-il dit.
– Banque d’investissement –
Afin de retenir les candidats à l’émigration, M. Giammattei propose de développer économiquement la région déshéritée à la frontière avec le Mexique, tant du côté guatémaltèque que du côté mexicain, en créant « une banque d’investissement » sous l’égide de l’Organisation des Etats Américains (OEA).
« Nous pourrions créer ainsi un gigantesque pôle de développement qui pourrait profiter aux deux pays », assure-t-il, en annonçant qu’il plaidera cette cause aussi bien à Mexico qu’à Washington durant la « période de transition », d’ici sa prise de fonction prévue le 14 janvier 2020.
De même, il a annoncé qu’il rencontrera la semaine prochaine à San Salvador le président salvadorien Nayib Bukele à qui il proposera de s’associer à un projet de ligne ferroviaire reliant les côtes caraïbe et pacifique. « C’est un investissement incroyable. On peut tabler sur plus d’un million d’emplois (créés) en quatre ans », s’enthousiasme M. Giammattei.
Avec le président salvadorien, il abordera aussi le sujet de la lutte contre les « maras », les bandes criminelles qui terrorisent les populations dans les deux pays.
« La lutte doit être multinationale, doit se faire au niveau régional. Le crime organisé ne respecte pas les frontières », a souligné le président élu du Guatemala, en promettant aussi « un combat acharné contre les drogues, les cartels (de narcotrafiquants) dont beaucoup sont mexicains et opèrent au Guatemala ».
– « La CICIG, c’est fini! »-
Concernant la lutte contre la corruption, qui gangrène son pays, M. Giammattei a écarté toute possibilité de recourir de nouveau à la CICIG, la mission de l’ONU contre l’impunité au Guatemala, déclarée indésirable pour avoir mis en accusation le président sortant Jimmy Morales.
« La CICIG, c’est fini! », a-t-il dit, rappelant que « le président Morales a décidé de ne pas renouveler son mandat », qui se termine en septembre, trois mois avant la passation de pouvoir.
« Il n’y aura plus de CICIG, mais la corruption continue (…). Le système produit des corrompus », a dénoncé le président élu en promettant de s’attaquer aux causes mêmes de la corruption.
Interrogé sur les « pouvoirs de fait » qui profitent de la corruption à tous les échelons de la société guatémaltèque, M. Giammattei a promis de « les affronter », y compris dans son propre camp, dans son propre parti. « Les pouvoirs de fait (…) ne me font pas peur. Je ne crains que Dieu », s’est-il exclamé.