Le G20 d’Osaka, qui s’ouvre vendredi, se jouera surtout en coulisses avec plusieurs dossiers épineux au programme: le conflit commercial entre Washington et Pékin, les tensions géopolitiques autour de l’Iran, la Corée du Nord ou la Turquie. Sans oublier le mercato bruxellois.
– Rencontre Trump-Xi
L’entrevue entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping sera le temps fort du sommet des dirigeants des 20 plus grandes puissances de la planète.
Leur dernière rencontre remonte à début décembre, en marge d’un sommet du G20 à Buenos Aires: ils avaient alors déclaré une trêve mais, depuis, les négociations ont connu des hauts et de nombreux bas. Elles ont été interrompues en mai.
Si un accord définitif paraît peu probable selon les experts, les deux hommes pourraient décider de stopper l’escalade de taxes douanières punitives réciproques et relancer les discussions.
Plus largement, les différends commerciaux entre les Etats-Unis et ses partenaires occuperont les débats du G20, une bataille s’annonçant sur le libellé du communiqué final, s’il y en a un.
Déjà au G20-Finances plus tôt dans le mois, les grands argentiers avaient mis une trentaine d’heures pour parvenir à trouver un compromis, s’alarmant au final d’une « intensification » des tensions.
– Le dossier nucléaire nord-coréen
Xi vient d’effectuer une visite triomphale en Corée du Nord, et le calendrier n’est pas anodin. Il a ainsi démontré à Donald Trump que la Chine était un allié incontournable de Pyongyang au moment où la relation entre le chef d’Etat américain et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un bat de l’aile.
Dans les discussions à Osaka, l’homme fort de Pékin pourrait user de cette influence pour convaincre l’hôte de la Maison Blanche de réduire la pression commerciale sur la Chine, de l’avis des analystes. Après le G20, M. Trump prendra justement la direction de Séoul pour s’entretenir du programme nucléaire nord-coréen avec son homologue sud-coréen Moon Jae-in .
– La poudrière iranienne
Autour de la table, les discussions s’annoncent vives entre d’un côté les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, grand rival régional de Téhéran, de l’autre, les Européens, la Chine et la Russie qui tentent de calmer le jeu.
L’hôte du G20, le Premier ministre japonais Shinzo Abe, a essayé de jouer le médiateur, mais sa visite historique en Iran a tourné au fiasco, ponctuée par des attaques contre des pétroliers attribués à Téhéran par Washington.
Depuis, le ton ne cesse de monter entre les deux pays.
Face aux sanctions américaines, l’Iran a accusé mardi les Etats-Unis d’avoir « fermé de façon permanente la voie de la diplomatie » et a annoncé la réduction des engagements inscrits dans l’accord de 2015 sur le nucléaire.
Le président Trump, qui a annulé la semaine dernière des frappes militaires contre l’Iran à la dernière minute, a prévenu que toute attaque iranienne ferait l’objet de représailles « écrasantes ».
– Turquie et Russie aussi –
A Osaka, Donald Trump rencontrera aussi le président turc Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier entend faire jouer ses « bonnes » relations avec son homologue américain pour désamorcer la crise entre les deux pays au sujet de l’achat de missiles russes par Ankara, tout en assurant qu’il ne « ferait pas marche arrière ».
Washington a adressé un ultimatum à la Turquie, un membre de l’OTAN, lui donnant jusqu’à fin juillet pour renoncer au système russe de défense antiaérienne S-400, faute de quoi des sanctions pourraient être imposées.
M. Trump va par ailleurs s’entretenir avec le président russe Vladimir Poutine, une relation sur laquelle plane aux Etats-Unis une tempête judiciaire déclenchée par les soupçons d’interférence russe dans la campagne présidentielle de 2016.
Leur dernier tête-à-tête, à Helsinki, remonte à juillet 2018: le ton jugé trop conciliant de Donald Trump avait alors choqué la classe politique américaine.
– Les « top jobs » bruxellois
Qui va succéder au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker pour présider la Commission européenne? Aucune entente pour le moment entre les principaux dirigeants. Selon plusieurs sources, ils espèrent un compromis en marge du G20 avant un sommet de crise le 30 juin à Bruxelles.
Ces tractations s’inscrivent dans un « paquet » beaucoup plus large de nominations. Sont en jeu la présidence du Conseil européen, le poste de chef de la diplomatie européenne et la présidence du Parlement européen.