Les incendies qui ravagent l’Amazonie sont « un tournant décisif » pour la survie de ce massif forestier, a estimé mercredi le patron de l’Organisation internationale pour les bois tropicaux (Itto), appelant le monde à redoubler d’efforts pour sa sauvegarde.
La situation est « très urgente », a insisté Gerhard Dieterle, directeur exécutif de cette agence intergouvernementale pour la gestion durable des forêts tropicales, interrogé par l’AFP en marge de la Ticad, une conférence internationale sur le développement de l’Afrique organisée à Yokohama (Japon).
« Beaucoup d’experts redoutent qu’il s’agisse d’un tournant décisif » pour la plus grande forêt tropicale au monde, a-t-il rappelé, alors que des dizaines de milliers de départs de feu étaient recensés au Brésil, en dépit du recours à l’armée pour les combattre.
Plus de la moitié de ces feux sont situés dans le vaste bassin amazonien.
Certains de ces incendies ont des causes naturelles, mais la plupart sont des feux volontaires, déclenchés par des agriculteurs pour gagner des surfaces cultivables, selon M. Dieterle.
« Si des forêts tropicales denses sont incendiées, elles auront besoin de beaucoup, beaucoup d’années » pour se régénérer. « Cela va altérer le climat » au niveau régional et influer sur le climat au niveau mondial, a-t-il averti.
Les pays du G7 ont proposé 20 millions de dollars au Brésil pour l’aider à lutter contre ces incendies géants, une offre que le président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro a d’abord refusée, puis acceptée mardi après un tollé mondial.
Cette aide est « un début, mais il faudrait beaucoup plus », a jugé M. Dieterle. « Je pense que le monde serait prêt à fournir davantage de moyens » si le Brésil le demandait, a-t-il ajouté.
Plus tôt lors d’un discours à la Ticad, l’expert a aussi rappelé que la déforestation et la dégradation des forêts continuait « à un rythme alarmant dans beaucoup de pays africains ».
L’Afrique pourrait manquer un jour de bois, alors que la population du continent devrait atteindre 4,4 milliards de personnes à la fin du 21e siècle, contre 1,2 milliard aujourd’hui.
« Nous devons nous concentrer davantage sur le rôle et l’utilisation des forêts productrices, avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il souligné.