Un enseignant a été enlevé dans le centre du Mali le week-end dernier, a appris l’AFP mercredi auprès de sa famille, ses collègues et du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa qui a revendiqué le rapt.
Le rapt de Saïdou Togo, enseignant d’anglais dans le secondaire, est survenu le 22 décembre, selon sa famille et le groupe d’Amadou Koufa, prédicateur donné pour mort par les autorités maliennes et françaises, après une opération militaire du 22 au 23 novembre dans le centre du Mali. Al-Qaïda au Maghreb islamique a démenti son décès.
« Mon cousin est professeur d’anglais à côté de (la localité de) Ténenkou (centre). Il venait à Mopti par pirogue quand les jihadistes armés ont encerclé la pirogue », a déclaré mercredi au téléphone Oumar Togo, un membre de la famille de Saïdou Togo. « Ils ont demandé les pièces d’identité des passagers. Quand ils ont vu son nom et sa profession, il a été enlevé ».
L’enlèvement a été confirmé par deux collègues de l’enseignant. Saïdou Togo « a été enlevé par les terroristes entre Ténenkou et Mopti, alors qu’il était dans une pinasse », a dit l’un d’eux. « Les terroristes étaient armés. Certains avaient de longues barbes, des pantalons courts ».
Le rapt a été opéré « pour punir Saïdou Togo, qui n’a pas respecté la loi islamique qui interdit d’enseigner dans la langue des ennemis de l’islam, il est désormais avec nous », a affirmé au téléphone, dans une déclaration mercredi à l’AFP, Djibril Cissé, un porte-parole du groupe d’Amadou Koufa.
Ce groupe est membre de l’alliance jihadiste dirigée par le Touareg malien Iyad Ag Ghaly, le « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ».
La famille de l’enseignant enlevé est « très inquiète » et « implore » les jihadistes pour obtenir sa « libération immédiate », a déclaré Oumar Togo.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés du nord du Mali ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.
Cependant, les violences jihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.