Les agents fédéraux envoyés à Portland par Washington resteront dans cette ville du nord-ouest des Etats-Unis jusqu’à que la police locale la débarrasse « des anarchistes et des agitateurs », a déclaré vendredi le président américain Donald Trump.
« La Sécurité intérieure (les forces fédérales) ne quittera pas Portland tant que la police locale n’aura pas achevé le nettoyage (de la ville) des anarchistes et des agitateurs! », a tweeté M. Trump.
Les agents fédéraux avaient été envoyés à Portland à la suite de nombreuses manifestations notamment antiracistes organisées dans cette ville, une présence qui a provoqué une vive hostilité.
Les autorités de l’Oregon et le gouvernement de Donald Trump s’étaient entendus mercredi sur un retrait progressif de ces policiers fédéraux à partir de jeudi, à condition que la police locale stabilise la situation autour du tribunal fédéral de la ville et d’autres bâtiments officiels visés par les manifestations.
L’accord prévoyait que la police locale assurerait le maintien de l’ordre à l’extérieur du tribunal fédéral, à charge pour quelques agents fédéraux dont c’est la mission habituelle de sécuriser les bâtiments eux-mêmes.
La police de Portland avait commencé jeudi à faire évacuer des secteurs du centre-ville bordant le tribunal, pour préparer le retrait des fédéraux.
Des centaines de manifestants se trouvaient toujours dans les rues du centre-ville tôt samedi matin, sans qu’aucun agent fédéral soit visible.
Plus tôt, la police de Portland avait évacué les parcs et les grands axes du centre, anticipant le retrait progressif des forces fédérales.
Le maire démocrate de Portland, Ted Wheeler, avait affirmé que cette évacuation s’inscrivait dans le cadre de l’accord entre les autorités locales et le gouvernement.
Sur Twitter, il a remercié vendredi soir les manifestants pacifiques pour avoir « repris possession d’un espace qui a été le théâtre de violences afin de partager leur puissant message de réformes et de justice ».
La mort de George Floyd, quadragénaire noir asphyxié le 25 mai à Minneapolis (nord) par un policier blanc, a déclenché dans tous les Etats-Unis d’énormes manifestations congre le racisme et les violences policières.
La mobilisation s’est considérablement affaiblie, mais des poches de contestation ont persisté, notamment à Portland, nettement marquée à gauche.
Début juillet, l’administration Trump y avait envoyé des équipes d’intervention fédérales, parfois issues des douanes ou de la police aux frontières et arborant toute une panoplie militaire, après des semaines de manifestations contre le racisme et les violences policières.
Leur déploiement a eu pour effet de durcir le mouvement dans cette ville à la longue histoire contestataire, en particulier après la diffusion de vidéos montrant des manifestants être attrapés dans la rue par des agents fédéraux et jetés dans des véhicules banalisés, et des heurts ont eu lieu chaque nuit aux abords du tribunal fédéral.
Pour les démocrates, ces interventions ont un fort relent d' »Etat policier » et sont une stratégie politique pour donner à M. Trump, à la peine dans les sondages à l’approche de la présidentielle de novembre, l’image d’un président attaché au maintien de l’ordre.
Le ministre de la Justice Bill Barr a défendu l’initiative fédérale contre « des émeutiers violents et des anarchistes (qui) ont supplanté les manifestations légitimes » et nié toute motivation politique.