Huit civils ont été tués dans la nuit de mercredi à jeudi dans une attaque attribuée au groupe islamiste nigérian Boko Haram contre le camp de la société française de forage Foraco dans le sud-est du Niger, près de la frontière avec le Nigeria.
« La nuit dernière à 2 heures du matin heure locale, un groupe de terroristes a attaqué le bâtiment où se reposait une équipe de foreurs et techniciens de Foraco dans le village de Toumour (région de Diffa) », a indiqué la société héraultaise dans son communiqué. « Les assaillants ont ouvert le feu sur le personnel qui dormait ».
Sept des victimes tuées dans leur sommeil étaient des employés nigériens de la société française, qui effectue sur place des forages pour alimenter en eau un camp de réfugiés. La huitième était un fonctionnaire du ministère nigérien de l’Hydraulique.
Cinq autres personnes ont été blessées dont deux grièvement dans l’attaque de ce bâtiment, choisi selon Foraco en accord avec les Forces armées nigériennes chargées de la protection du personnel. La région de Diffa a été les années passées cible d’attaque du groupe jihadiste Boko Haram né au Nigeria avant de se développer dans la région.
« Nous condamnons fermement cette attaque et exprimons notre soutien aux blessés et aux familles des victimes. Il n’y a pas de Français parmi les victimes selon les informations dont nous disposons à ce stade », a affirmé le Quai d’Orsay jeudi.
Militaires en ronde
« Une quinzaine d’employés étaient présents sur place, protégés par une quinzaine de militaires partis faire une ronde aux alentours au moment de l’attaque. Les attaquants sont repartis avec deux picks-up de la société », a expliqué à l’AFP le directeur Europe/Moyen-Orient de Foraco Thierry Merle.
« Nous n’avions jamais rencontré jusque-là de problème similaire. On sait bien que Boko Haram est présent dans la région mais à ce jour nous n’avons eu aucune revendication ni officielle ni officieuse. Nous n’avions pas reçu de menace particulière ».
Un élu de Diffa, joint au téléphone par l’AFP, a « confirmé l’attaque » attribuée « aux éléments de Boko Haram ».
Les assaillants ont également « pillé plusieurs boutiques » et « emporté des vivres à bord du véhicule de Foraco », a précisé à l’AFP un résident de Diffa.
Attaque à cheval
La radio locale Saraounia FM a indiqué que « les assaillants étaient venus à cheval » avant de s’enfuir « en direction du Nigeria » tout proche.
Cette attaque intervient après plusieurs mois d’accalmie dans la région de Diffa, théâtre de nombreuses attaques de Boko Haram entre février 2015 et le début de l’année. Mi-janvier, au moins cinq soldats nigériens avaient été tués près de cette même commune de Toumour.
Fin avril, Niamey avait annoncé une opération militaire régionale d’envergure dans le bassin du lac Tchad (commun au Niger, au Tchad, au Nigeria et au Cameroun) pour débarrasser la zone des « résidus » de Boko Haram. Cette opération devait permettre « d’installer nos systèmes de sécurité » et de favoriser le retour de milliers de personnes ayant fui depuis 2015 les îles du lac Tchad, avait déclaré le ministre nigérien de la Défense, Kalla Moutari, en jugeant que, même « totalement affaibli », Boko Haram continuait de représenter « une menace réelle ».
Les autorités ont reconduit l »Etat d’urgence imposée dans la région de 2016 en raison de la persistance de « l’insécurité ».
La région nigérienne de Diffa abrite quelque 300.000 réfugiés et déplacés en raison des attaques de Boko Haram, selon des ONG.
De sources sécuritaires, des membres ou des sympathisants de Boko Haram vivent dans les camps renseignant le groupe sur la présence des forces de sécurité.
Coté à la bourse de Toronto et présente dans 22 pays sur les cinq continents, Foraco, qui se présente comme le troisième foreur minier au monde, travaillait justement dans ce contexte pour réaliser « deux forages d’eau profonds aux alentours du camp de réfugiés de Toumour afin de rendre les conditions de vie meilleures pour les personnes déplacées, dans cette zone semi-désertique et aride ».
Samedi dernier, le gouvernement avait regretté devant le Parlement la suspension « en raison de l’insécurité » des travaux de construction d’une route devant relier le Niger au Tchad. Cette insécurité retarde également la construction d’un oléoduc pour transporter du pétrole brut nigérien jusqu’au Cameroun via le Tchad.