Il était l’ambassadeur bling-bling du hip-hop, crédité pour avoir transformé ce genre musical en machine commerciale. Mais l’image de Sean « Diddy » Combs, arrêté lundi à New York, a été plombée par une série d’accusations d’agressions sexuelles.
Egalement connu sous les noms de « Puff Daddy », « P. Diddy » ou plus récemment de « Brother Love », le producteur de 54 ans est accusé par plusieurs femmes d’être un violent prédateur sexuel, utilisant alcool et drogues pour obtenir leur soumission.
Le motif précis de son inculpation n’a pas encore été rendu public mais son arrestation pourrait sonner le glas d’une figure majeure du hip-hop américain, qui a bâti un empire financier en se diversifiant dans l’alcool et la mode.
Avec son label Bad Boy Records, fondé en 1993, ce natif de New York a contribué à l’inscription du hip-hop dans la culture populaire mondiale en faisant émerger Mary J. Blige ou Notorious B.I.G, mort en 1997.
L’artiste s’est au passage érigé en chantre du rap bling-bling, aimant s’afficher en roi de la fête avec diamants, yachts et costumes sur mesure et vantant ses succès de businessman du hip-hop.
En 2019, le magazine Forbes estimait à 740 millions de dollars sa fortune personnelle, qui aurait aujourd’hui fondu de moitié sous le poids d’investissements hasardeux et d’une réputation gravement entachée.
Les premiers soupçons d’agressions sexuelles contre lui remontent aux débuts de son ascension dans les années 1990 mais c’est son ex-compagne, la chanteuse de R&B Cassie, qui a été la première à briser le silence mi-novembre.
Dans une plainte au civil, elle l’accuse d’un viol en 2018 et dénonce une décennie de « comportement violent » et d' »exigences déviantes » de sa part, comme des relations sexuelles avec des hommes prostitués. Cette affaire s’est résolue par un arrangement financier.
Ascension fulgurante
Depuis, neuf plaintes ont été déposées contre le rappeur.
Une ancienne actrice de films X, Adria English l’accuse notamment de s’être servi d’elle « comme d’un pion sexuel pour le plaisir et le bénéfice financier d’autres personnes », entre 2004 et 2009. Une autre femme affirme avoir été violée collectivement par le rappeur et deux autres hommes lorsqu’elle avait 17 ans.
Il conteste ces accusations et « est impatient de pouvoir laver son nom au tribunal », ont affirmé ses avocats lundi.
C’est en 1990, en tant que stagiaire, que Sean Combs a fait ses premiers pas dans l’industrie musicale chez Uptown Records, maison de disques où il devient recruteur de talents.
Le jeune loup se construit une réputation d’organisateur de soirées qui ne fera que grandir avec sa notoriété. Et ce malgré le drame survenu lors d’un concert qu’il supervise à New York en 1991: neuf personnes meurent dans une bousculade car trop de billets ont été vendus.
Accusé d’avoir négligé la sécurité, il fait face à une série de procès. Uptown Records s’en sépare. Il en profite pour fonder son propre label, Bad Boy Records, et lancer sa fulgurante ascension.
Nabab
Au sein de cet univers, son disciple et ami Notorious B.I.G. devient le roi de la côte Est en 1994, avec son premier album « Ready to Die ». Il est assassiné en 1997, quelques mois après son grand rival Tupac.
Au cours de sa carrière, Sean Combs a collaboré avec de nombreuses pointures dont Usher, Mariah Carey ou la rappeuse Lil’ Kim.
« Puff Daddy » se fait également un nom en tant que rappeur, notamment avec son single « Can’t Nobody Hold Me Down », récompensé par un Grammy Award. « No Way Out », l’album sur lequel figure le titre, reste un classique.
En parallèle, ce nabab soigne son image bling-bling et sa relation avec l’actrice et chanteuse Jennifer Lopez entre 1999 et 2001 renforce sa médiatisation.
Ces dernières années, il s’est essayé à la philanthropie et a tenté de polir sa réputation. Invité en 2014 lors d’une cérémonie de remise de diplômes devant une université de Washington, lui dont le géniteur a été tué lors d’une vente de drogue avait assuré vouloir « perpétuer l’esprit d’entreprise de (son) père mais de manière honnête ».