Le candidat à la présidentielle malgache Andry Rajoelina, en tête de la course selon des résultats partiels du scrutin du 7 novembre, a dénoncé le manque de « transparence » de la commission électorale qui compile les résultats et qui a déjà été vivement critiquée par deux autres candidats.
“Le traitement informatique des résultats de vote n’est pas transparent” et ”il est difficile de se fier aux résultats provisoires publiés » par la commission électorale nationale indépendante (Ceni), a estimé le camp Rajoelina dans un communiqué publié mardi soir.
Par conséquent, l’équipe du candidat ne peut « approuver les résultats provisoires publiés actuellement » et a décidé de se « retirer du processus d’observation du traitement des résultats au niveau de la Ceni”, a ajouté le texte.
Selon les derniers résultats partiels publiés par la Ceni mercredi, Andry Rajoelina, chef de l’Etat de 2009 à 2014, est en tête avec 39,46% des votes, devant Marc Ravalomanana (36,76%) et Hery Rajaonarimampianina (7,49%).
Ces résultats portent sur 68,71% des bureaux de vote dépouillés.
Le code électoral malgache impose aux candidats un second tour si aucun d’entre eux n’obtient plus de 50% des suffrages au premier tour. Le second tour est prévu le 19 décembre.
Le vice-président de la Ceni, Thierry Rakotonarivo, s’est étonné des remarques du camp Rajoelina.
“A la Ceni, il n’y a aucune demande des représentants de candidat qu’on n’a pas satisfaite”, a-t-il affirmé à l’AFP, précisant que “le retrait d’un représentant d’un candidat de l’observation du traitement des résultats n’a aucun impact sur le travail de la commission électorale”.
Andry Rajoelina est le troisième candidat à se plaindre du travail de la Ceni.
Le 9 novembre, le camp de Marc Ravalomanana, président de 2002 à 2009, avait dénoncé une tentative de fraude et de corruption de la Ceni.
Le 8 novembre, Hery Rajaonarimampianina, qui a dirigé le pays de 2014 à septembre 2018, avait également parlé le « nombreuses irrégularités de vote et anomalie techniques ».
Ces accusations ont été démenties par la Ceni.
Les observateurs de l’Union européenne et de l’Union africaine avaient eux exhorté la semaine dernière les candidats à recourir « uniquement » aux voies légales pour dénoncer éventuellement les résultats.
Madagascar, grande île pauvre de l’océan Indien, est régulièrement déstabilisée par des crises politiques et post-électorales depuis son indépendance de la France en 1960.
Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina avaient été les principaux protagonistes de la crise sanglante de 2009, qui avait fait une centaine de morts et s’était soldée par la démission du premier, lâché par l’armée.
L’opposant Rajoelina s’était alors vu confier les rênes du pouvoir jusqu’en 2014, un « coup d’Etat » selon la communauté internationale.