L’Assemblée nationale du Québec a adopté dimanche un projet de loi controversé sur l’immigration, qui entraînera notamment l’abandon de 18.000 dossiers d’immigration déposés dans cette province francophone du Canada.
Le projet de loi 9 a été adopté dimanche vers 4H00 du matin (8H00 GMT), à l’issue une séance-marathon exceptionnelle convoquée par le parti Coalition Avenir Québec (CAQ, centre-droit) au pouvoir, a annoncé Simon Jolin-Barrette, ministre québécois de l’Immigration, sur Twitter.
Le texte prévoit une réforme du processus de sélection des candidats, qui sera désormais basée sur l’adéquation des compétences professionnelles avec les besoins de main-d’oeuvre du Québec.
Cette loi va entraîner l’annulation de 18.000 dossiers de candidatures, qui touchent au total quelque 50.000 personnes. Ces dossiers avaient été déposés sous l’ancien système, basé sur le principe du premier arrivé premier servi.
Ces candidats à l’immigration vont devoir déposer une nouvelle demande dans le cadre du nouveau système. Le gouvernement provincial a promis que les délais de traitement des dossiers pour les travailleurs qualifiés passeraient de 36 à 6 mois grâce à cette réforme.
« On modifie le système d’immigration dans l’intérêt public, parce qu’il faut faire en sorte d’avoir une immigration arrimée aux besoins du marché du travail », a expliqué M. Jolin-Barrette.
L’opposition a dénoncé jusqu’au bout un projet de loi « inhumain », fustigeant l' »incapacité » du gouvernement à justifier l’abandon de ces 18.000 dossiers en souffrance.
Le gouvernement dirigé par le Premier ministre François Legault, dont le parti est majoritaire à l’assemblée, a eu recours à une procédure parlementaire spéciale permettant de limiter le temps consacré au débat d’un projet de loi.
Son parti a été porté au pouvoir en octobre avec la promesse de réduire de plus de 20% le nombre d’immigrants et de réfugiés que le Québec accueille chaque année.
Après une courte nuit de sommeil, les députés québécois ont repris leurs travaux dimanche peu après 9 heures pour l’examen d’un autre projet de loi controversé, cette fois sur la laïcité.
Ce texte prévoit d’interdire le port de symboles religieux à plusieurs catégories de fonctionnaires en position d’autorité, dont les policiers, les juges et les enseignants.
Ce projet était le principal engagement de campagne de François Legault. Il est aux antipodes des positions multiculturalistes défendues par le Premier ministre libéral du Canada Justin Trudeau.