Au moins 41 personnes sont mortes mardi à Kinshasa, victimes de pluies diluviennes qui ont provoqué dans la nuit de lundi à mardi inondations, glissements de terrains et électrocutions, dans une capitale où les autorités congolaises peinent à combattre l' »urbanisme de la pauvreté ».
« Les dégâts matériels et humains sont vraiment énormes », et le bilan est encore « provisoire », a déclaré le vice-gouverneur de la ville, Neron Mbungu. « 80% des dégâts sont causés par des constructions anarchiques », a-t-il ajouté. Parmi les victimes, figure « un enfant qui s’est électrocuté ».
Les quartier populaires, principalement sur les hauteurs de Kinshasa (Kisenso, Lemba, Mont-Ngafula), ont été les plus touchés.
Un quinzaine de personnes sont mortes dans celui de Lemba, le plus affecté par ces fortes pluies, selon le bilan provisoire.
Lemba a subi une série « d’érosions et d’éboulements » de terrains « qui ont englouti » les maisons, a indiqué à la radio Top Congo son bourgmestre (maire), Jean Nsaka.
Un spectaculaire effondrement de terrain y a coupé en deux la route qui monte vers le campus universitaire, a constaté une journaliste de l’AFP.
Le trou présente une profondeur d’une dizaine de mètres sur une vingtaine de large.
« Le collecteur n’a pas pu supporter le volume des eaux et il a cédé, ce qui a entraîné la coupure de la route », a expliqué sur place aux journalistes le maire du quartier.
« Plus de 300 ménages sont inondés. Il y a beaucoup de maisons qui ont été détruites » rien que dans son quartier (ou commune), l’un des 26 de Kinshasa.
Le président Félix Tshisekedi s’est rendu sur les lieux en fin de journée. « Fatshi (surnom du président, NDLR) béton, viens remettre le béton dans notre rue », a crié un groupe de jeunes à son arrivée.
« Comment allons-nous faire pour rejoindre l’université maintenant? », s’est inquiété un étudiant, Eric.
En d’autres endroits de la capitale, deux ponts se sont effondrés, selon le vice-gouverneur.
« Les gens sont têtus et ne respectent pas les normes de construction. Même si l’Etat dit qu’il ne faut pas construire, ils construisent. Voilà maintenant les conséquences », a déploré le vice-gouverneur.
La pluie a provoqué des dégâts ailleurs en RDC, immense pays touché par une « pauvreté généralisée » selon le Fonds monétaire international (FMI).
– 7 morts dans le Sud-Kivu –
Sept autres personnes ont été tuées dans la province du Sud-Kivu. « Les unes ont été emportées par les eaux et les autres sont mortes suite aux éboulements », selon un élu local, Seth Enga.
En cette saison des pluies, des milliers de personnes ont été sinistrées par les inondations depuis fin octobre dans les provinces du nord-ouest (Sud et Nord-Ubangi, Equateur), arrosées par le fleuve Congo ou son affluent, la rivière Ubangi.
« Les autorités locales ont enregistré dix morts dans la province du Nord-Ubangi », avait indiqué samedi un porte-parole de l’ONG chrétienne Caritas, qui ajoutait que 180.000 personnes avaient besoin d’assistance.
25 personnes sont mortes dans la province de l’Equateur (nord-ouest), a indiqué un responsable local cité samedi par le site d’information actualité.cd
A Kinshasa, une cinquantaine de personnes avaient été tuées dans des érosions et des effondrements de terrain en janvier 2018, après une nuit de pluies diluviennes.
A l’époque, le précédent gouverneur, André Kimbuta, avait affirmé qu' »en vue de prévenir d’autres cas d’inondations », les autorités procéderaient « à la démolition de constructions anarchiques ».
Troisième ville la plus peuplée d’Afrique, Kinshasa compte quelque 10 millions d’habitants, avec une population qui a doublé en 20 ans selon les estimations (aucun recensement n’a été réalisé depuis des décennies).
Cette croissance est le fait d’un « urbanisme de la pauvreté », avait déclaré en juillet 2017 au quotidien français Le Monde, Corneille Kanene, ex-directeur de l’agence onusienne Habitat, ajoutant : « Les trois quarts de Kinshasa sont constitués de bidonvilles sans accès à l’eau ni à l’électricité ».