Pyongyang a redéployé son personnel dans le bureau de liaison intercoréen quelques jours après l’avoir retiré unilatéralement dans la foulée de l’échec du deuxième sommet entre Donald Trump et Kim Jong Un, a annoncé Séoul lundi.
Ce bureau situé dans la ville nord-coréenne de Kaesong avait été ouvert en septembre dans le cadre d’un spectaculaire rapprochement sur la péninsule, mis à mal par le blocage des discussions sur la dénucléarisation entre Pyongyang et Washington. Le Nord a retiré son personnel la semaine dernière sans explication.
Le ministère sud-coréen de l’Unification a déclaré que certains membres de l’équipe nord-coréenne étaient de retour au travail lundi, ajoutant qu’ils étaient venus faire « leur vacation comme d’habitude ».
« Ainsi, le Sud et le Nord ont tenu des consultations dans le bureau de liaison ce matin et le bureau continuera de fonctionner comme d’habitude », a déclaré le ministère dans un communiqué.
Celui-ci a ajouté que le Nord n’avait expliqué ni les raisons de son retrait, ni celles de son retour.
Après des années de montée des tensions sur la péninsule divisée, 2018 a été marquée par un rapprochement Nord/Sud qui s’est concrétisé par plusieurs sommets entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in.
Elu en 2017 en promettant de relancer le dialogue, ce dernier a multiplié les efforts pour que cette détente se traduise par des initiatives concrètes. L’ouverture du bureau de liaison en est une.
L’incapacité du président américain et de l’homme fort de Pyongyang à avancer dans les discussions sur la dénucléarisation et la levée des sanctions, lors de leur sommet à Hanoï fin février, avait alimenté le doute sur la pérennité du rapprochement intercoréen.
– 24 heures sur 24 –
Des experts avaient suggéré que Pyongyang voulait en se retirant contraindre Séoul à faire pression sur Washington. Son retour à Kaesong survient après un tweet de Donald Trump qui a lancé au cours du weekend qu’il annulait des sanctions imposées au Nord par son propre ministère des Finances, sans préciser lesquelles.
Le président sud-coréen défend de longue date le principe du dialogue avec le Nord. Il a fait miroiter à Pyongyang la carotte de projets de développement intercoréens comme la relance de la zone industrielle intercoréenne également située à Kaesong, ou encore la reprise des voyages de Sud-Coréens dans le complexe touristique nord-coréen du mont Kumgang.
Mais les sanctions internationales votées pour pousser Pyongyang à renoncer à ses programmes militaires interdits, et qui sont toujours en place, ont empêché que ne reprennent ces projets.
Les efforts pour rénover le réseau ferré nord-coréen ont également été reportés.
Après l’échec de Hanoï, Pyongyang comme Washington avaient exprimé leur souhait de poursuivre les discussions.
Mais l’émissaire américain Stephen Biegun a depuis déclaré que les Etats-Unis ne voulaient pas d’une dénucléarisation « progressive » de la Corée du Nord, mais d’un désarmement total et rapide en échange d’une levée des sanctions.
Pour sa part, la vice-ministre des Affaires étrangères nord-coréenne Choe Son Hui a récemment assuré que Pyongyang n’avait « aucune intention de céder aux demandes des Etats-Unis ».
Le bureau de liaison avait ouvert trois mois après que M. Kim eut signé avec M. Trump un engagement vague en faveur de la « dénucléarisation de la péninsule coréenne », lors de leur premier sommet en juin à Singapour, et peu avant une visite historique de M. Moon à Pyongyang.
Le bâtiment de quatre étages comprend des bureaux séparés pour le Nord et le Sud ainsi qu’une salle de conférence commune. Séoul avait indiqué à son ouverture que ce « canal de consultation et de communications » serait ouvert 24 heures sur 24, toute l’année.
Il est destiné à faciliter les échanges transfrontaliers, améliorer les relations entre le Nord et les Etats-Unis, et apaiser les tensions militaires.