L’agence de presse Reuters a annoncé en interne une réorganisation de ses bureaux européens qui se traduira par des suppressions de postes, notamment dans les services qui produisent en deux langues en Italie, en Allemagne et en France, ont indiqué plusieurs sources à l’AFP.
« Dans certains bureaux, nous envisageons de fusionner les postes de reporters internationaux et locaux, même si nous continuerons de produire en anglais et en langue locale. Un bureau, deux langues », a annoncé Simon Robinson, rédacteur en chef pour la région Europe, Moyen-Orient et Afrique, dans un message envoyé lundi aux bureaux européens et transmis à l’AFP.
« Ce changement se traduira par des suppressions de postes dans certains de nos bureaux européens », poursuit-il.
La réorganisation prévoit en outre de localiser plus de postes à Gdynia, le nouveau centre polonais de Reuters, et permettra de « se redéployer dans des marchés à plus forte croissance » et « de renforcer l’offre data, infographie et vidéo », indique le responsable.
« Nous sommes confiants dans le fait que ces changements préserveront notre atout dans l’information bilingue, tout en permettant aux bureaux de produire plus de sujets à fort impact (exclusivités, scoops et analyses) recherchés par nos clients », a indiqué le groupe dans une déclaration à l’AFP, sans vouloir préciser le nombre de suppressions de postes ou la liste des bureaux concernés.
« C’est une volonté de réduire la voilure pour faire baisser les coûts, on est dans une logique industrielle et financière maquillée en stratégie éditoriale », a déploré un délégué syndical du bureau parisien.
En Italie, 16 suppressions de postes ont été annoncées sur 45 journalistes, soit un tiers des effectifs à Rome et Milan, dont l’intégralité du service photo, selon un communiqué de la rédaction italienne qui a fait grève lundi et mardi.
En Allemagne, ce sont 10 postes sur 120, soit « juste en dessous de la barre des 10% qui obligerait Reuters à passer par un plan social », de source syndicale.
Le bureau parisien, qui emploie environ 75 journalistes, s’attend à être le prochain concerné même si aucune annonce n’a été faite pour l’instant, indique le délégué syndical, qui évoque également celui de Moscou.
A Londres, « des reporters seniors et des éditeurs sont fortement incités à partir avec de bonnes indemnités » sur la base de départs volontaires, rapporte un journaliste de ce bureau.
John Pullman, responsable du pôle visuel de Reuters, a en outre annoncé aux équipes vidéos en Europe dans un mail jeudi que les services photo et vidéo de l’agence allaient être fusionnés selon « une approche structurée », un processus qui se déploiera « sur les prochains mois ».
Ces annoncent interviennent en pleine transformation du groupe américano-canadien Thomson Reuters, à qui appartient l’activité « Reuters News ». Il vient de céder à Blackstone sa division « Financial and Risk », qui comprend les terminaux financiers et les données de marché qui les alimentent, afin de se réorienter vers le conseil juridique et fiscal ainsi que l’information.
Dans le cadre de cette transaction, Blackstone doit verser chaque année et durant 30 ans, 325 millions de dollars à « Reuters News », qui lui fournira en échange ses informations.
« On craint que cette enveloppe serve à financer des départs dans les services binationaux, jugés comme non essentiels par la direction », déplore le délégué syndical parisien, dénonçant une délocalisation via le recrutement de journalistes francophones en Pologne.
Selon lui, un service de traduction automatique a été récemment ajoutée sur les terminaux, donnant des traductions de mauvaise qualité : « Reuters veut faire du Bloomberg low-cost », regrette-t-il.