Les élections parlementaires américaines pourraient connaître un ultime rebondissement mardi prochain dans le Mississippi, un Etat du sud favorable à Donald Trump où la sénatrice sortante républicaine a été forcée à un second tour de scrutin après une fin de campagne marquée par plusieurs déclarations polémiques.
Le président américain compte sur cette terre conservatrice pour clore le chapitre des « midterms » sur une bonne nouvelle.
Il s’était permis de saluer un « grand succès » des républicains après les élections du 6 novembre sur la base des premières projections données par les médias américains. Certes, les démocrates s’emparaient de la Chambre des représentants mais les gains semblaient relativement limités et les républicains accroissaient substantiellement leur majorité au Sénat.
Les résultats qui sont tombés dans les jours suivants, au fil des dépouillements dans le pays, ont donné une autre image: une large victoire des démocrates à la Chambre aux allures de vote sanction contre Donald Trump puisqu’une quarantaine de sièges basculent. Quant au Sénat, les républicains n’y compteront que trois voix de majorité s’ils gagnent le 27 novembre dans cet Etat du sud du pays.
Conscient de l’enjeu au niveau national, M. Trump participera la veille du vote à deux réunions politiques avec la candidate républicaine Cindy Hyde-Smith.
Nommée en début d’année en remplacement du sortant démissionnaire, Mme Hyde-Smith se dirigeait vers une victoire facile face à son adversaire démocrate Mike Espy. Mais lors des dernières semaines de campagne, certains de ses propos ont fait polémique et secoué sa campagne.
Elle a d’abord remercié un de ses partisans en assurant qu’elle serait « au premier rang » si celui-ci l’invitait à une « pendaison publique ».
La phrase a provoqué un tollé dans cet Etat du sud où le nombre de Noirs lynchés a été le plus élevé des Etats-Unis.
Plusieurs sociétés, dont le géant de la distribution Walmart, ont dénoncé ses propos et retiré leur soutien à la candidate.
Elle a également salué la « superbe idée » de « rendre un peu plus difficile » le vote des étudiants dans des universités progressistes, alors que plusieurs Etats ont été accusés de restreindre le vote des minorités.
Pour sa défense, la sénatrice de 59 ans a assuré que sa remarque sur la pendaison était « une marque d’estime exagérée » envers ce partisan et qu’elle ne faisait que plaisanter sur les étudiants.
Le 6 novembre, aucun des quatre candidats en lice n’a obtenu 50% des voix, elle sera donc opposée au second tour à Mike Espy, 64 ans.
Cet ancien membre du Congrès, fut le premier représentant noir du Mississippi à Washington en plus d’un siècle. Dans un Etat qui compte 37% de Noirs –le pourcentage le plus élevé dans un Etat aux Etats-Unis– une victoire du parti démocrate serait « un changement du statu quo comme nous n’en avons pas vu » depuis des décennies, affirme à l’AFP John Bruce, professeur de sciences politiques à l’Université du Mississippi.
L’Alabama pour exemple
Si le taux d’approbation de Donald Trump a chuté, le président reste populaire dans cet Etat qu’il a remporté avec près de 18 points d’avance sur Hillary Clinton en 2016.
Pour le second tour, Mme Hyde-Smith devrait récolter les voix du candidat d’extrême droite qui avait obtenu 16,5% des suffrages.
Avec moins d’un point de retard sur son adversaire le 6 novembre, Mike Espy a besoin d’un fort taux de participation des électeurs noirs pour inverser la tendance et il a reçu le soutien de deux ténors démocrates noirs au Sénat, Kamala Harris et Cory Booker.
M. Espy peut prendre exemple sur l’Etat voisin de l’Alabama, où le démocrate Doug Jones avait créé la surprise en décembre dans la course au Sénat. Ce candidat peu connu avait alors battu le très conservateur Roy Moore, visé par plusieurs accusations d’agressions sexuelles sur des mineures, et qui bénéficiait du soutien de Donald Trump.
Les démocrates peuvent aussi s’inspirer du comté d’Orange en Californie, où ils ont remporté début novembre les sept sièges de représentants en jeu, en profitant d’un changement démographique dans cette région qui votait traditionnellement pour les républicains