Deux astronautes de la Nasa sont revenus sur Terre dimanche à bord d’une capsule de la société SpaceX après deux mois dans l’espace, une mission de démonstration réussie qui ouvre la voie à des vols réguliers avec ce nouveau véhicule spatial.
« Bienvenue sur Terre, et merci d’avoir volé sur SpaceX », a lancé aux astronautes le chef des opérations de SpaceX, Mike Heiman, salué par des rires dans la salle de contrôle. « C’était un honneur et un privilège », a répondu le commandant Doug Hurley.
Il s’agissait du premier amerrissage pour une navette américaine habitée depuis la mission Apollo-Soyouz en 1975.
« Je ne suis pas très religieux mais pour cette fois j’ai prié », a déclaré le fondateur de la société SpaceX, le milliardaire Elon Musk, une fois les deux hommes ramenés à terre sains et saufs.
« Nous avons écrit aujourd’hui une page d’histoire », s’est félicité le patron de la Nasa, Jim Bridenstine. Il a dit vouloir répéter ce type de partenariat public-privé pour le retour sur la Lune, avec le programme Artemis, et un jour pour aller sur Mars.
A bord du Dragon de SpaceX, Doug Hurley et son coéquipier Bob Behnken sont passés d’une vitesse de 28.000 km/h en orbite à 24 km/h à l’amerrissage au large de la Floride, quatre grands parachutes s’étant ouverts comme prévu en fin de descente.
– « Enorme soulagement » –
Leur capsule roussie par la rentrée dans l’atmosphère a amerri au large de Pensacola dans le golfe du Mexique, zone choisie pour éviter une tempête tropicale plus à l’est.
De nombreux bateaux de plaisance, dont un battant un pavillon « Trump », se sont rapprochés malgré les garde-côtes et ont dû être écartés avant que la capsule ne puisse être hissée sur un navire de SpaceX. « Nous devrons faire mieux la prochaine fois », a admis Jim Bridenstine face à cette violation du périmètre.
Autre imprévu, des vapeurs toxiques émanant d’un réservoir de carburant de la capsule ont dû être vidangées, ce qui a retardé l’ouverture de l’écoutille. Mais une heure et quart après leur amerrissage, « Bob » et « Doug », meilleurs amis dans la vie, ont finalement pu sortir, sur des civières vraisemblablement en raison de la réadaptation à la gravité terrestre.
Apparemment en bonne forme physique, ils ont regagné Houston par avion, où ils ont retrouvé leurs familles et devaient rencontrer Elon Musk.
« Il n’y a aucun doute que ce fut un énorme soulagement », a déclaré Gwynne Shotwell, présidente de SpaceX.
Cet aller-retour réussi vers la Station spatiale internationale (ISS) est non seulement le premier assuré par une société privée (fondée en 2002), mais il met fin au monopole russe pour l’accès à la station depuis que les Américains ont mis au garage leurs navettes spatiales en juillet 2011.
La Nasa utilisera Dragon pour envoyer quatre astronautes à la fois, dont un Japonais lors de la prochaine mission en septembre, et le Français Thomas Pesquet au printemps 2021.
– La Nasa cliente –
La Nasa parle d’une révolution car SpaceX, pour trois milliards de dollars accordés dans le cadre d’un contrat à prix fixe, a entièrement développé un nouveau taxi spatial et promis six allers-retours vers l’ISS.
« Nous entrons dans une nouvelle ère des vols habités, où la Nasa n’est plus acheteuse, propriétaire et opératrice des équipements, mais une cliente parmi de nombreux clients dans un secteur spatial commercial très actif », a dit Jim Bridenstine.
Donald Trump avait assisté en personne au décollage le 30 mai depuis la Floride, et il a salué le retour des deux hommes dimanche sur Twitter.
Son rival pour l’élection présidentielle de novembre, Joe Biden, a rappelé que ce programme de privatisation avait été lancé par son prédécesseur, se disant « fier du rôle que le président Obama et moi avons joué ».
Les capsules Dragon sont censées être réutilisables cinq à dix fois: l’exemplaire revenu dimanche semble en « très bon état », selon Gwynne Shotwell, et sera réparé et inspecté dans un processus d’environ quatre mois, afin de revoler pour la mission du printemps 2021, avec Thomas Pesquet.
Elon Musk dit souvent qu’il rêve de coloniser Mars. Aucun programme concret n’existe, mais Gwynne Shotwell a répété le credo dimanche: la mission de Dragon doit être vue « comme un tremplin pour faire des choses encore plus dures, comme le programme Artemis et, bien sûr, aller sur Mars ».