La fédération anglaise de football (FA) a connu des « ratés institutionnels » inexcusables dans la protection des enfants contre les violences sexuelles tout particulièrement entre 1995 et 2000, a estimé mercredi un rapport indépendant.
« La FA a agi bien trop lentement pour mettre en place des mesures appropriées et suffisantes de protection des enfants et pour s’assurer que cette protection soit prise suffisamment au sérieux par les acteurs de ce sport », explique le rapport long de plus de 700 pages.
L’enquête, lancée par la fédération en 2016 et qui couvrait la période de 1970 à 2005, estime que des condamnations notables – dont celle, en 1995 au États-Unis, de Barry Bennell, ancien entraîneur des équipes de jeunes, notamment à Crewe Alexandra – auraient dû provoquer un changement sur cette question, alors qu’il a encore fallu attendre 5 ans pour que la fédération mette les mesures spécifiques en place.
« Ce sont des ratés institutionnels graves pour lesquels il n’y a aucune excuse. Pendant cette période, la fédération n’a pas fait assez pour mettre les enfants à l’abri », ajoute le rapport.
Les clubs pas épargnés
Et même après 2000, des erreurs ont été commises, comme de n’avoir rien fait pour empêcher que Barry Bennell continue à exercer après sa libération de prison en 2003. Le rapport reconnaît qu’il n’est pas certain qu’il ait officié dans un club après cette date, mais le seul fait de ne pas prévoir de mesure pour le lui interdire « a permis de mettre des enfants en danger ».
Condamné cinq fois pour des actes de pédophilies, Bennell avait notamment été condamné début 2018 à 31 ans de prison pour des violences sexuelles sur 12 garçons de 8 à 15 ans entre 1979 et 1991.
Le cas de Bob Higgins, un entraîneur de jeunes à Southampton et Peterborough, condamné à 24 ans de prison en 2019 pour 46 atteintes sexuelles sur mineur ou agressions sexuelles sur 24 personnes entre 1971 et 1996, a aussi été évoqué, la FA n’ayant pas agi contre lui, même après 2003, quand les textes l’auraient permis plus facilement.
Les clubs ne sont pas épargnés non plus par le rapport, qui juge leurs actions « trop lentes et inadaptées ».
Ils ont notamment trop souvent ignoré les rumeurs ou les plaintes lorsqu’elles sont arrivées jusqu’à eux, déplore le rapport.