L’Iran n’a d’autre choix que de continuer à faire tourner son économie en dépit des défis que pose au pays le regain de l’épidémie de Covid-19, a déclaré samedi le président iranien Hassan Rohani.
Il faut « poursuivre les activités économiques, sociales et culturelles en respectant les protocoles de santé (…) C’est la voie unique », a estimé M. Rohani, lors d’une réunion télévisée du Comité de lutte contre le virus.
« La solution la plus simple est de déclarer que toute activité est fermée, et le lendemain, le peuple viendrait pour protester contre le chaos, la faim, les épreuves et la pression », a expliqué M. Rohani, dont le gouvernement a été critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire.
Les propos de M. Rohani surviennent alors que l’épidémie de Covid-19 apparaît de nouveau en progression depuis le début du mois de mai en Iran.
Selon des chiffres officiels transmis samedi, 188 décès supplémentaires liés à la maladie et 2.397 nouveaux cas de contamination ont été enregistrés au cours des dernières 24 heures.
Jeudi, les autorités avaient annoncé un nouveau record de mortalité, avec 221 morts du virus en 24 heures.
Au total, 255.117 cas d’infection ont été recensés dans le pays, dont 12.635 décès, a déclaré samedi Sima Sadat Lari, porte-parole du ministère de la Santé, lors d’un point de presse télévisé.
La République islamique, qui avait annoncé des premiers cas de contamination en février sur son sol, est de loin le pays le plus touché par la pandémie de Covid-19 au Proche et Moyen-Orient.
Pour lutter contre la propagation de l’épidémie, les autorités iraniennes ont d’abord annulé tout rassemblement et fermé écoles et commerces non essentiels en mars avant de lever progressivement les restrictions à partir d’avril, pour tenter de ranimer l’économie du pays, étouffée par les sanctions américaines.
« La télévision publique, (les médias), les artistes, les intellectuels, les professeurs, tous doivent agir pour convaincre notre cher peuple (…) que nous n’avons pas d’autre choix », a indiqué M. Rohani.
« Il n’est pas possible de fermer les entreprises et les activités économiques à long terme », a-t-il ajouté, soulignant que « le peuple ne l’acceptera pas ».
La République islamique traverse une brutale récession provoquée la réimposition de sanctions américaines contre Téhéran en 2018 après la décision prise unilatéralement par le président des Etats-Unis, Donald Trump, de retirer son pays de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2018.
Mercredi, le ministre de la Santé iranien Saïd Namaki avait mis en garde contre une possible « révolte du peuple provoquée par la pauvreté et la faim », en ajoutant que son ministère n’avait jusque-là obtenu que 30% d’une ligne budgétaire spéciale d’un milliard de dollars approuvée par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, pour lutter contre la propagation du virus.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB iranien devrait chuter encore de 6% en 2020 après avoir plongé de 7,6% en 2019.