Le pasteur contestataire zimbabwéen Evan Mawarire, arrêté pour subversion lors de la fronde contre l’augmentation des prix du pétrole, a demandé vendredi sa libération conditionnelle, sur laquelle la justice se prononcera la semaine prochaine.
Le parquet s’est opposé à cette requête, estimant que le pasteur ne respecterait pas les termes de cette libération.
« S’il est reconnu coupable, il encourra probablement une longue peine de prison et c’est une raison suffisante pour s’enfuir », a estimé le procureur Mirirai Shumba devant la Haute Cour de la capitale Harare.
Evan Mawarire est accusé d' »incitation à la violence » via les réseaux sociaux et « subversion », deux charges qu’il nie. Il avait appelé à participer à la grève générale de trois jours lancée par le principal syndicat du pays.
Son avocat Tonderai Bhatasara a assuré qu’il n’existait « aucun risque » que son client s’enfuie.
Le juge a renvoyé son jugement au mardi 29 janvier.
Des manifestations ont éclaté la semaine dernière dans tout le Zimbabwe pour dénoncer l’augmentation de 150% des prix des carburants, qui a provoqué la colère d’une population épuisée par les pénuries d’essence, de nourriture et de médicaments.
Des rassemblements ont dégénéré, des magasins ont été pillés et les forces de sécurité ont riposté brutalement.
Trois personnes ont été tuées selon les autorités. Des ONG avancent un bilan d’au moins 12 morts.
Plus de 1.100 personnes ont été arrêtées dont, outre Evan Mawarire, des responsables syndicaux et de nombreux partisans de l’opposition.
Le président du Congrès zimbabwéen des syndicats (ZCTU), Peter Mutasa, à l’origine de la grève générale, s’est, lui, présenté vendredi à un commissariat de police à Harare.
Il a été inculpé de « subversion envers le gouvernement » et d' »incitation publique à la violence » a précisé son avocat, Alec Muchadehama, qui a précisé qu’il pourrait comparaître devant le tribunal dès samedi.
Le secrétaire général de la ZCTU, Japhet Moyo, est en détention depuis le début de la semaine, sous les mêmes chefs d’inculpation.
Dans un communiqué publié vendredi, Amnesty International a appelé les autorités zimbabwéennes « à cesser leurs menaces contre les responsables de la société civile, les militants, les dirigeants de l’opposition et les organisateurs supposés des manifestations ».
L’organisation a aussi demandé que les « forces de sécurité rendent des comptes pour les violations en cours des droits de l’homme », citant des morts par balle, des cas de torture ou encore des viols.