Seulement une cinquantaine de fonctionnaires zimbabwéens ont osé se rassembler mercredi dans la capitale Harare pour exiger une revalorisation de leurs salaires rongés par l’inflation galopante, sous l’étroite surveillance de policiers plus nombreux, a constaté un journaliste de l’AFP.
« La police est là, les gens ont peur de venir. Et en plus, ils n’en ont pas les moyens », a déploré le secrétaire de la confédération des syndicats du service public, David Dzatsunga, qui avait appelé à la marche.
Le déploiement policier « montre que ce gouvernement est paranoïaque », a-t-il poursuivi, « nous sommes inoffensifs (…) cette présence (policière) montre qu’il est prêt à écraser une mouche avec une énorme masse ».
Depuis sa mise en place fin 2017, le régime d’Emmerson Mnangagwa, qui a succédé à Robert Mugabe, a réprimé à plusieurs reprises des manifestations, notamment contre l’augmentation du coût de l’essence en janvier.
Réunis mercredi au siège de la confédération des syndicats du service public, les manifestants avaient obtenu l’autorisation des autorités de marcher jusqu’aux ministères des Finances et du Travail pour y déposer une pétition.
Mais les importants effectifs de forces de l’ordre mobilisés par les autorités les en ont rapidement dissuadés.
Les fonctionnaires exigent que le montant de leurs salaires soit indexé sur la valeur du dollar américain, afin de compenser les effets de l’hyperinflation – plus de 300% en rythme annuel en août – et de la chute de la devise locale.
« Nos salaires ont fondu à cause de l’inflation et la plupart d’entre nous sont dans l’incapacité de remplir leurs devoirs », a déploré David Dzatsunga, « nous voulons contraindre le gouvernement à traiter notre problème sans délai ».
Le Zimbabwe est plongé depuis une vingtaine d’années dans une terrible crise économique, marquée par un taux de chômage de plus de 90%. Le pays a renoué depuis un an avec des pénuries de produits alimentaires, de carburant ou de médicaments.
Les médecins des hôpitaux publics ont cessé le travail depuis deux mois pour exiger, eux aussi, une revalorisation salariale.
Mardi soir, le gouvernement a annoncé la révocation de 77 médecins qui avaient refusé de mettre un terme à leur grève, considérée comme « illégale » par la justice.
« Le secteur de la santé est en crise, il s’effondre même », a déploré mercredi le secrétaire général du syndicat des enseignants ruraux, Robson Chere. « La même chose va se produire pour tous les services publics », a-t-il pronostiqué.
Les négociations ouvertes entre syndicats et autorités n’ont pour l’heure abouti à aucun accord.